Attentat Le président guinéen échappe à une tentative d'attentat La Guinée est confrontée à une crise économique ouverte et connaît de forts mouvements sociaux, qui suscitent l'inquiétude des diplomates en poste dans la région et des ONG régionales. Des coups de feu ont été tirés mercredi 19 janvier en direction du cortège du président guinéen, Lansana Conté, dont l'entourage a évoqué un "attentat" et annoncé des arrestations dans ce pays en crise économique ouverte et régulièrement secoué par des mouvements sociaux. Le ministre de la sécurité, Moussa Sampil, a affirmé que les coups de feu étaient un "attentat" visant le chef de l'Etat guinéen. Celui-ci n'avait cependant "rien eu" et se portait "très bien", a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec Radio France internationale (RFI). Selon cette radio, deux gardes de la sécurité présidentielle ont été blessés. "L'acte de ce matin ne fait que confirmer ce que nous avons toujours dit et dénoncé : les complots contre le régime. Les enquêtes sont en cours actuellement et elles évoluent très bien", a estimé le ministre, sans donner de détails. Il a également indiqué qu'il y a eu "des interpellations", en promettant de donner des précisions dans "les jours à venir". Plusieurs habitants du quartier d'Enco 5 (banlieue de Conakry), où ont eu lieu les tirs, ont été vus par un journaliste de l'AFP à bord de voitures de police roulant en direction du siège des services de sécurité, dans le centre-ville. Aucune estimation chiffrée n'était disponible mercredi soir sur le nombre de personnes interpellées. FORTS MOUVEMENTS SOCIAUX Le ministre de la sécurité a indiqué à l'antenne de RFI que les autorités avaient pris d'importantes mesures de sécurité à la suite de ces tirs contre le cortège présidentiel. "Quand il y a une tentative d'assassinat sur la personne du chef de l'Etat, c'est tout à fait normal que nous prenions des mesures de sécurité visant d'abord à interpeller le ou les auteurs, mais à sécuriser davantage le chef de l'état", a déclaré Moussa Sampil. D'importantes forces de police, notamment de la police d'élite, les forces anti-émeutes, patrouillaient mercredi soir dans le quartier d'Enco, où la situation était cependant calme, a constaté le journaliste de l'AFP. Plusieurs témoignages avaient fait état de coups de feu contre - ou depuis - le cortège présidentiel, mercredi dans le quartier d'Enco 5. Le cortège du président Conté avait, par la suite, été vu par des témoins roulant à très vive allure du centre-ville jusque dans l'enceinte du palais présidentiel. La Guinée est confrontée à une crise économique ouverte et connaît de forts mouvements sociaux, qui suscitent l'inquiétude des diplomates en poste dans la région et des ONG régionales. Le 10 janvier, les enseignants ont déclenché une grève de deux semaines pour réclamer notamment de meilleures conditions salariales. Quelques jours auparavant, fin décembre, plusieurs centaines d'employés d'entreprises sous-traitantes d'une compagnie de mines se sont heurtés aux forces de l'ordre à Fria (150 km au nord de Conakry) lors d'une manifestation de protestation contre le non paiement de leurs salaires et de gratifications de fin d'année. Une personne a été tuée et neuf blessées, selon un bilan officiel. Le premier ministre, Cellou Dallein Diallo, récemment nommé à ce poste, avait reconnu, le 5 janvier, que son pays était "dans une situation de péril majeur". "La Guinée traverse une crise économique et politique sans précédent", avait-il déclaré à l'occasion d'une rencontre à Conakry avec les leaders de plusieurs partis politiques dont ceux de l'opposition.