Annonce Le président de la puissante banque centrale allemande, Ernst Welteke, a dû mercredi se mettre "en congé" de ses fonctions, victime d'une polémique autour de nuits passées gratuitement dans un hôtel de luxe qui ont éveillé des soupçons de conflit d'intérêt. C'est la deuxième fois seulement dans l'histoire de cette prestigieuse institution, vénérée des Allemands, que son numéro un jette ainsi l'éponge: en 1991, Karl Otto Poehl s'était abruptement retiré pour protester contre les conditions économiques de la réunification de l'Allemagne. Dans le cas de Welteke, le départ est encore provisoire, au moins sur le papier. A l'issue d'une réunion de sept heures, l'instance suprême de la Bundesbank, son directoire, a jugé qu'il n'y avait "pas de raison suffisante" de le révoquer. Néanmoins, elle "a conseillé à Ernst Welteke de prendre congé dès aujourd'hui de ses fonctions, compte tenu de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet pour soupçon de prise illégale d'intérêt". Proposition acceptée par le président Welteke. Scandale autour de quatre nuits dans un hôtel de luxe Ernst Welteke, membre du parti social-démocrate (SPD) du chancelier Gerhard Schröder, était dans la tourmente depuis plusieurs jours après la révélation par la presse qu'il s'était fait payer par une grande banque privée, la Dresdner Bank, quatre nuits dans un hôtel de luxe avec femme et enfants lors du Nouvel An 2002. Mardi, le parquet compétent de Francfort lui avait porté sans doute le coup de grâce en ouvrant une enquête préliminaire. En attendant que l'avenir de Welteke soit définitivement éclairci, c'est-à-dire sans doute pas avant les conclusions de l'enquête de justice, le vice-président de la Bundesbank, Juergen Stark, s'est vu confier la mission de représenter l'institut d'émission au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). Ce conseil réunit les présidents des douze banques centrales nationales de la zone euro et les six membres de l'exécutif permanent de la BCE. Le refus par la Bundesbank de limoger purement et simplement Ernst Welteke complique un peu le scénario souhaité par le gouvernement allemand qui avait réclamé "la clarté" à la Bundesbank afin de ne pas entâcher sa crédibilité. Il faisait pression depuis deux jours en faveur d'une démission et souhaitait nommer immédiatement à sa place l'actuel numéro deux du ministère des Finances Caio Koch-Weser, candidat malheureux de l'Allemagne en 2000 au poste de directeur général du FMI. Le gouvernement ne voulait pas laisser cette affaire s'éterniser alors qu'il est au plus bas dans les sondages, qu'il s'efforce de convaincre l'opinion publique de la nécessité de l'austérité et que l'irritation dans la population allemande contre les salaires des élites économiques est à son comble. Ernst Welteke perçoit 350.000 euros par an, soit deux fois plus que le salaire de base du chancelier Gerhard Schröder.