Annonce Le président bolivien convoque des élections et un référendumVéritable tentative de sortie de crise ou manœuvre politique ? Afin de tenter de mettre un terme à la situation politique et sociale extrêmement tendue que connaît la Bolivie depuis quelques mois, le président, Carlos Mesa, a annoncé, jeudi 2 juin au soir, sa décision de convoquer des élections le dimanche 16 octobre pour désigner une Assemblée constituante et d'organiser le même jour un référendum sur l'autonomie des régions.Des milliers de paysans, ouvriers et mineurs manifestent depuis deux semaines dans les rues de La Paz, non loin du palais présidentiel et du Congrès, pour réclamer la convocation d'urgence d'une Assemblée constituante et la nationalisation des hydrocarbures.Jeudi dans la journée, le Congrès avait décidé, faute de compromis, de reporter à mardi prochain la prochaine réunion des responsables politiques, une heure avant l'intervention télévisée du président. Lors de cette prise de parole, M. Mesa a déclaré qu'il avait signé un décret pour sortir de la crise, devant l'urgence de la situation, indiquant que "le pays vivait un moment d'extrême urgence et une situation de confrontation à hauts risques et que, dans ce contexte, on ne pouvait attendre mardi prochain" comme le voulait le Congrès."UN NOUVEAU SHOW DU GOUVERNEMENT" Mais la proposition du président pourrait rapidement être bloquée pour non-conformité avec la Constitution. Le président de la chambre d'industrie et de commerce de Santa Cruz, Gabriel Dabdoub, a estimé, jeudi soir, que ce décret présidentiel était inconstitutionnel. De son côté, le député indigène et dirigeant du Mouvement vers le socialisme (MAS) Evo Morales a lui aussi affirmé que même si cela partait d'"une bonne intention", cette mesure "n'était pas constitutionnelle" et qu'il s'agissait d'"un nouveau show du gouvernement" pour démobiliser les milliers de manifestants indigènes et paysans qui marchent depuis plusieurs jours à La Paz en demandant une Assemblée constituante et pour "baisser le climat de tension sociale dans les rues et sur les routes".Le leader du MAS, la seconde force politique du pays, réclame la convocation d'une Assemblée constituante mais reste très méfiant concernant les demandes d'autonomie de Santa Cruz, la région la plus riche de Bolivie (9 millions d'habitants). Leader de l'opposition et chef des planteurs de coca, Evo Morales a bloqué ces derniers jours toute tentative de compromis avec les partis libéraux et conservateurs.Le maire de La Paz, Juan del Granado (centre gauche), a appelé à "une grève de la faim massive (des habitants de La Paz) si l'initiative présidentielle était refusée". Un constitutionaliste indépendant, José Luis Gutierrez, a affirmé que ce décret présidentiel devait passer obligatoirement par le Congrès pour ne pas enfreindre la Constitution. "Dans le cas contraire, le décret n'aurait aucune validité", a-t-il ajouté.La capitale, La Paz (un million d'habitants), a une nouvelle fois été paralysée, jeudi, par une grève des transports et des manifestations de paysans de El Alto, la banlieue populaire de la capitale (800 000 habitants). Les écoles ont été fermées et les commerçants ont baissé leurs rideaux.Reprenant l'initiative après un long silence, le président Mesa a aussi demandé à l'Eglise catholique de servir de médiatrice entre les différents partenaires sociaux.
