Premier/e Le premier parc éolien en mer fait le bonheur d'un petit village normand LE HAVRE (AFP) - La petite station balnéaire de Veulettes-sur-Mer (Seine-Maritime) s'est réjouie jeudi d'avoir été choisie pour accueillir le premier parc éolien français en mer qui, espèrent ses élus, deviendra une attraction touristique. "Cela va être notre viaduc de Millau et je pense que, dès dimanche prochain, des gens vont venir de partout pour visualiser l'emplacement", se félicite par avance Christian Legrand, le maire UMP de cette commune de 300 habitants de la Côte d'Albâtre. Selon cet élu, l'annonce par le gouvernement mercredi du choix de Veulettes-sur-Mer pour accueillir ce parc de 21 éoliennes à sept kilomètres au large a fait l'effet d'une "bombe" dans le village. "Si nous avions bien eu des visites d'experts ces derniers mois, nous ne pensions pas que les choses iraient aussi vite", dit-il. La réalisation du projet devrait apporter du travail localement, surtout durant la période de construction, et les éoliennes une fois en service seront "productrices" de taxes professionnelle et foncière. "Les recettes seront partagées entre Veulettes et la Communauté de communes de la Côte d'Albâtre à laquelle nous appartenons", calcule le maire. La manne attendue s'ajoutera à celle déjà très consistante - plus de 20 millions d'euros par an - de la centrale nucléaire de Paluel, la plus importante de France qui est nichée dans une valleuse, à moins de dix kilomètres à vol d'oiseau de l'endroit où les éoliennes seront érigées. Le maire assure que la population est "à 80% en faveur du projet, à l'exception de quelques grincheux toujours contre tout", comme elle avait été aussi favorable à la venue du nucléaire dans les années 70. Les habitants comme les élus devront toutefois patienter avant de voir les éoliennes se dessiner dans leur horizon. "Les études doivent se poursuivre et le parcours administratif devrait être assez long, ce qui fait que les pales ne tourneront vraisemblablement pas avant 2008", assure Philippe Gouverneur, directeur de la filiale française du groupe allemand Enertrag, choisie par le gouvernement pour réaliser ce projet de 300 millions d'euros. Chaque éolienne haute d'une centaine de mètres sera solidement ancrée par trente mètres de fond. "Ces machines qui sont conçues pour durer une vingtaine d'années seront fixées par des tripodes un peu à la manière d'une plate-forme pétrolière", explique Philippe Gouverneur. Premier parc éolien en mer de France, il sera aussi le plus important, de loin, par sa capacité, avec un total de 105 MW, soit le quart de la puissance totale installée aujourd'hui dans les éoliennes à terre en France. Il sera capable de produire environ 300 millions de KWh chaque année, c'est à dire l'équivalent de la consommation d'une ville de 150.000 habitants. Avec ce projet, le gouvernement veut donner un coup d'accélérateur au développement des énergies renouvelables pour respecter les engagements de la France dans ce domaine. En 2010, 21% de l'électricité française doit être d'origine renouvelable contre 14% aujourd'hui. Le ministre de l'Industrie François Loos a précisé qu'un nouvel appel d'offres pour trouver d'autres sites éoliens sera lancé prochainement.