Scandale Le premier ministre canadien tente de désamorcer le scandale financier qui mine son partiJe suis désolé de ne pas avoir été plus vigilant." Le premier ministre canadien, Paul Martin, a fait ainsi son mea culpa à la télévision, la semaine dernière, dans un inhabituel "message à la nation" . Il y évoquait sans détour le scandale créé par une affaire de détournement de fonds publics qui éclabousse depuis des mois le Parti libéral au pouvoir. Les libéraux ont gagné de justesse les dernières élections, il y a dix mois, mais n'ont pu former qu'un gouvernement minoritaire. Aussi l'opposition attend-elle une occasion de le faire tomber.De son côté, M. Martin s'efforce de repousser l'échéance. "Je suis prêt à me soumettre au jugement des Canadiens" mais pas tout de suite, a-t-il laissé entendre, en s'engageant "à déclencher des élections générales dans les trente jours suivant la publication du rapport dujuge Gomery" . Ce juge dirige depuis plusieurs mois, à la demande de Paul Martin, une commission d'enquête indépendante chargée de faire la lumière sur le scandale politico-financier. Il devrait rendre son rapport en novembre.Au début du mois, de nouvelles révélations faites à la commission ont attisé le scandale. Elles portent sur des agences québécoises de relations publiques qui ont grassement profité des largesses d'un programme fédéral destiné à améliorer l'image du Canada au Québec, après le référendum sur l'indépendance du Québec en 1995 qui s'était soldé par un "non" . En retour, ces mêmes agences auraient financé de façon occulte le Parti libéral.GÂCHIS INJUSTIFIABLE"Il s'agit d'un gâchis injustifiable et je vais faire le ménage" , a promis, jeudi 21 avril, M. Martin en rappelant qu'il avait lui-même aboli le programme mis en question et engagé des poursuites judiciaires pour récupérer 40 millions de dollars canadiens auprès des fraudeurs. Le chef du Parti conservateur, Stephan Harper, juge pour sa part que M. Martin n'est pas crédible, lui qui était "numéro deux du gouvernement" dirigé par Jean Chrétien à l'époque de ce "scandale libéral" . Déjà quasiment en campagne électorale, M. Harper attend le début du mois de mai, lors de la reprise des travaux parlementaires, pour faire voter une motion de censure, dont il espère qu'elle entraînera la chute du gouvernement.L'impopularité grandissante des libéraux dans les sondages ils ne recueillent que 30 % des intentions de vote contre 35 % pour les conservateurs pousse les conservateurs, tout comme le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois à prendre l'offensive pour obtenir des élections avant l'été.Pourtant, même si, pour la première fois en vingt ans, le Parti conservateur devance de quatre points les libéraux dans leur fief ontarien, selon un récent sondage, il aura beaucoup de mal à percer au Québec. Ce qui lui ferait courir le risque de devoir, lui aussi, gouverner sans majorité absolue.
