Annonce Le premier contingent de troupes de l'Union africaine est arrivé au Soudan Au Darfour, à l'ouest du Soudan, l'espoir de la communauté internationale d'amener l'ensemble des parties, gouvernement de Khartoum en tête, à résoudre, dans les plus brefs délais, la crise qui menace plusieurs millions de personnes, se heurte à des faits têtus. Alors que l'heure est à la neutralisation des milices progouvernementales janjawids et à la facilitation par le gouvernement soudanais, sous pression internationale, de l'accès des organisations humanitaires aux déplacés - plus d'un million de personnes -, le camp de Kalma, l'un des plus importants du Sud Darfour, était toujours inaccessible, lundi 16 août, aux ONG.Un incident grave, survenu le 12 août, est la cause de la fermeture de ce site, décidée par le gouvernement soudanais. Ce jour-là, un groupe de déplacés originaires de tribus arabes - parmi lesquelles la majorité des janjawids sont recrutés - a été amené à Kalma, en provenance d'un autre camp, par l'organisation humanitaire Care International, afin d'y recevoir une formation dans le domaine de la santé.Dans le camps, leur arrivée a provoqué une réaction immédiate d'hostilité de la population, composée de membres d'ethnies "africaines" qui sont les victimes des janjawids depuis le début, en 2003, de la campagne de terreur menée par les "cavaliers arabes" avec l'appui de l'armée soudanaise pour écraser les rebelles du Darfour, appartenant aux ethnies "africaines". Entre groupes "arabes" et "africains", la vieille ligne de partage, exacerbée par dix-sept mois de conflit, a déclenché une explosion de violence à Kalma.Le groupe d'une dizaine d'"arabes", théoriquement des civils, a été attaqué par les habitants du camp, qui ont affirmé reconnaître parmi eux des janjawids ayant attaqué et brûlé leurs villages. Une personne au moins n'a pas échappé au lynchage et a été tuée, ce qui a entraîné la fermeture du camp par les autorités soudanaises, et l'arrestation d'un responsable expatrié de Care.MILICES TOUJOURS ACTIVESDimanche, Jan Pronk, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, pour le Soudan, s'est dit "très préoccupé" par la situation à Kalma. Le diplomate, qui a conclu avec les autorités soudanaises, la semaine précédente, un plan de mise en application de mesures destinées à ramener la sécurité au Darfour avant l'échéance du 30 août, où des sanctions pourraient être décidées par le Conseil de sécurité à l'encontre des responsables soudanais, a aussi "exprimé son inquiétude devant le manque de progrès en matière de sécurité sur le terrain et le fait que les milices arabes janjawids sont toujours actives autour des camps des personnes déplacées".C'est dans ce contexte que les premiers éléments du contingent de l'Union africaine (UA), chargés de protéger les observateurs du cessez-le-feu signé le 8 avril entre gouvernement et rebelles sont arrivés dimanche à El-Facher, au Darfour. En provenance de Kigali, les 150 soldats rwandais, équipés de transports de troupes blindés, seront chargés de la protection des 120 observateurs de l'UA.Le groupe, qui devrait être renforcé d'ici au 25 août de 150 soldats nigérians, aura-t-il pour mission dans un second temps de protéger avec un nouveau mandat de maintien de la paix les populations civiles, comme "l'envisage" l'UA, avec des effectifs poussés à 2 000 hommes ? Les autorités soudanaises s'y opposent, le président Omar Al-Bachir ayant estimé que la "présence de forces étrangères risquait de compliquer la situation".Selon les autorités de Khartoum, 40 000 membres des forces de sécurité soudanaises sont actuellement déployés au Darfour pour y ramener le calme. Le Soudan a présenté dimanche aux Nations unies une liste de onze zones, dans cette région grande comme la France, où les déplacés pourraient s'abriter. Mais un rapport des Nations unies, samedi, a signalé "un nombre croissant de faits d'abus sexuels" commis par les policiers dans le camp d'Abou Chouk, près d'El-Facher, pourtant présenté comme une "vitrine" par le gouvernement soudanais.
