Annonce Le Portugal débat de la dépénalisation de l'avortementAu Portugal, les femmes reconnues coupables d'avoir avorté clandestinement ou les médecins qui auraient pratiqué un avortement encourent jusqu'à trois ans de prison ferme. La législation est une des plus restrictives d'Europe. L'IVG n'y est actuellement autorisée qu'en cas de danger pour la vie de la mère, de malformation congénitale du fœtus et de viol, ou, dans certains délais, de risques pour la santé physique ou psychique, qui doivent être officiellement confirmés par un médecin. En juillet, un médecin, son assistante et trois femmes, poursuivis dans le cadre d'une affaire d'avortement, ont été condamnés à des peines allant jusqu'à quatre ans et huit mois de prison.Mais les choses pourraient changer. Un projet de loi sur la dépénalisation de l'avortement va être examiné lors des prochains mois. Première étape : le débat au Parlement, où le texte déposé par le Parti socialiste, majoritaire, devrait être approuvé sans difficulté, d'autant que l'opposition de droite a annoncé qu'elle ne s'y opposerait pas.Seconde étape : une consultation populaire, qui aurait lieu en janvier, dont la question pourrait être formulée ainsi : "Etes-vous d'accord avec la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse si elle est réalisée, à la demande de la femme, dans les dix premières semaines de grossesse, dans un établissement de santé légalement autorisé ?"LE PREMIER MINISTRE FERA CAMPAGNE POUR LE "OUI"Dans un pays qui vote majoritairement à gauche mais où l'Eglise catholique conserve une forte influence, le résultat est très incertain. D'autant que lors d'un précédent référendum, organisé en juin 1998, le "non" l'avait emporté à une très faible majorité, avec près de 51 %, et une abstention de 68,1 %. Cette fois encore, rien n'est joué d'avance. Selon un sondage publié jeudi, moins de la moitié des Portugais (47,9 %) sont favorables à la dépénalisation de l'avortement et 39,9 % y sont opposés. Les partisans de la dépénalisation ne seraient que 50,6 % chez les électeurs du Parti socialiste, et plusieurs ministres montrent une certaine réticence.Le premier ministre, José Socrates, a annoncé qu'il allait s'engager personnellement dans la campagne pour le "oui" et demandé à ses ministres d'agir de même. Les socialistes veulent cependant éviter de faire du sujet un débat idéologique et insistent sur le fait qu'il s'agit avant tout de mettre fin à une situation faisant apparaître le Portugal comme "un pays arriéré" qui "persécute les femmes".De son côté, l'Eglise catholique semble décidée à faire profil bas. Ainsi, le cardinal José Policarpo, archevêque de Lisbonne, a indiqué que l'Eglise ne donnerait pas de consigne de vote. Dans l'attente d'une prise de position de la part de la Conférence épiscopale, cette position est cependant contestée par les catholiques plus conservateurs.
