Annonce Le plomb aurait été fatal à Beethoven Des analyses radiologiques pointues sur des fragments d'os du compositeur confirment la présence de hautes doses de plomb. LUDWIG VON BEETHOVEN, compositeur génial pour l'éternité, retrouve provisoirement une dimension corporelle, grâce à des toxicologues américains qui estiment, après analyse des fragments d'os, que le musicien allemand serait mort des suites d'un «empoisonnement au plomb». Ces données récentes confirment des examens antérieurs ayant révélé une forte concentration de plomb dans plusieurs cheveux de l'artiste. La polémique n'est pas close pour autant. Certes, une imprégnation au plomb a été découverte, mais est-ce la cause du décès ? Né en 1770 à Bonn, Beethoven meurt apparemment d'une pneumonie le 26 mars 1827, après avoir souffert de nombreux maux au cours de sa vie, dont la surdité ne fut pas le moindre. Le lendemain du décès, un jeune musicien juif de ses amis, Ferdinand Hiller, coupe une grande mèche des cheveux du musicien pour la garder comme souvenir. Cette mèche restera dans la famille comme un trésor, jusqu'après la Seconde Guerre mondiale où elle sera donnée en guise de reconnaissance à un médecin danois, Kay Fremming, sauveur de centaines de Juifs. La fille de Fremming la vendra plus tard aux enchères à Sotheby's à Londres à quatre Américains qui acceptent que six cheveux soient analysés par spectrométrie et microscopie électronique. Les résultats publiés en 2000 révèlent alors la présence d'un taux très élevé de plomb (cent fois plus que la norme) dans ces échantillons. Pour savoir s'il s'agit d'une imprégnation récente ou chronique, les chercheurs décident de pousser plus loin les investigations. Il se trouve que certains fragments osseux de Beethoven sont la propriété d'un homme d'affaires californien, Paul Kaufman, qui les a hérités de son grand-oncle, un médecin autrichien. La même équipe s'est donc lancée tout récemment dans l'analyse des fragments osseux, provenant du dessus du crâne, dont des tests d'ADN ont établi qu'ils appartenaient bien au musicien. Ces fragments soumis à une analyse sophistiquée aux rayons X confirment le diagnostic. «Il n'y a aucun doute dans mon esprit que Beethoven a été victime d'un empoisonnement au plomb», déclare le toxicologue William Walsh (Illinois), qui dirige ces recherches avec Ken Kemmer, un chercheur de l'Argonne National Laboratory du département américain de l'Énergie. «La présence de plomb dans les fragments osseux du crâne indique que son empoisonnement au plomb a duré de nombreuses années.»