Mort du Père Maurice Cocagnac

Mort Le Père Maurice Cocagnac, de l'ordre de saint Dominique Le Père Maurice Cocagnac, de l'ordre de saint Dominique, est mort à Paris, lundi 18 décembre 2006. Il était âgé de 82 ans. Né le 20 juin 1924 à Tarbes, Augustin-Maurice Cocagnac commence des études d'architecture à l'Ecole des beaux-arts, mais s'engage très vite dans la Résistance. A la sortie de la guerre, il prend l'habit au couvent Saint-Jacques le 22 septembre 1945. Saint Thomas d'Aquin dit que l'homme est "un être de frontières", et cette définition manifeste l'unité et la richesse de la vie du Père Cocagnac, qui ne cessa de porter la parole de Dieu au-delà des cercles traditionnels. Il travailla d'abord aux Editions du Cerf et fut l'un des premiers à se soucier d'une transmission renouvelée de la Bible aux enfants en publiant de nombreux livres illustrés, dont un célèbre Jonas. DE L'INDE AU MEXIQUE A la fois au fait de l'architecture moderne et passionné par la question de l'espace sacré, il dirigea jusqu'en 1969 la revue L'Art sacré, qui demeure une référence. Enfin, il devint aumônier de l'Union catholique du théâtre et de la musique, et cette activité le conduisit, entre autres, non seulement à écrire et à chanter des chansons bibliques, mais également à faire du village de Kergallic, à Belle-Ile-en-Mer, un lieu de rencontre et de prière pour les jeunes artistes, puis, plus largement ensuite, pour tous ceux préoccupés de réflexion spirituelle. Le Père Maurice Cocagnac marqua ainsi plusieurs générations, d'une façon plus profonde que notoire, par son souci constant d'une transmission de la foi d'autant plus fidèle qu'elle est ouverte et imaginative. Il fut également, dans la deuxième partie de sa vie, un inlassable voyageur en Inde, en Chine, au Japon, au Mexique, pays dans lesquels, avec l'aide des communautés dominicaines, il chercha à comprendre de l'intérieur ces autres traditions spirituelles. Il écrivit plusieurs livres sur la pensée indienne et fit ainsi vivre très concrètement, et au-delà du piège du syncrétisme alors à la mode, ce que l'on nomme aujourd'hui le dialogue interreligieux, notamment en éclairant le sens biblique de la parole à partir de toute la réflexion indienne sur l'énergie de la parole. Dans le troisième moment de sa vie, devenu assistant du Père maître des novices à Strasbourg en 1989, le Père Cocagnac donna un nouvel élan à sa vocation de prêcheur en publiant un volume important sur Les Symboles bibliques, puis deux livres, Le Sacré et le Secret et Le Corps et le Temple, tous aux Editions du Cerf. De l'édition à l'aumônerie d'étudiants, de la rencontre des traditions d'Extrême-Orient au travail théologique, le Père Maurice Cocagnac n'a cessé de porter la parole et de réfléchir sur la parole et a ainsi donné, au milieu des tourments du XXe siècle, l'exemple d'une fidélité au feu du Verbe sachant unir action et contemplation. Il fut à n'en pas douter l'un des visages ouverts de l'Eglise.