Annonce Le Pentagone publie les noms de 317 détenus Sur injonction d'un tribunal, le Pentagone a révélé, vendredi 3 mars, pour la première fois, une liste comportant les noms et nationalités de 317 des quelque 500 détenus de la prison de Guantanamo, à Cuba. Cette liste figure dans les 5 000 pages de comptes rendus d'audiences de prisonniers. Seuls dix d'entre eux ont été inculpés. Le vide juridique dans lequel se trouvent les autres et leurs conditions de détention sont à l'origine des protestations des détenus en grève de la faim. Dans la bataille judiciaire menée contre Guantanamo, s'est tenue, en début de semaine, une audience ordinaire. "Nous ne sommes pas ici pour statuer sur l'alimentation forcée des grévistes de la faim, a indiqué la juge Gladys Kessler, du tribunal fédéral du district de Columbia. Mais si les faits sont confirmés, ils décrivent un traitement choquant, cruel et profondément dégradant pour la dignité humaine." Ce n'était pas la première fois que la juge Kessler était saisie du cas de détenus de Guantanamo. En octobre 2005, elle avait ordonné à l'armée de communiquer le dossier médical des prisonniers à leurs avocats pour que les familles puissent savoir qui fait la grève de la faim. Depuis, l'extrême droite l'appelle "la juge qui sympathise avec les terroristes". Cette fois, les avocats du Yéménite Mohamed Bawazir, 25 ans, lui demandent d'interdire la nouvelle procédure d'alimentation forcée mise en place depuis le 11 janvier. Les médecins militaires affirment qu'il s'agit d'empêcher les détenus de rejeter les substances qui leur sont administrées. Selon la défense, les autorités cherchent surtout à briser une action qui s'éternise. Au plus fort du mouvement en septembre 2005, ils étaient 131 en grève de la faim, selon l'armée. Fin décembre 2005, ils étaient 84. Avec la nouvelle méthode, ils n'étaient plus que cinq. Cette "procédure" - que les avocats espèrent voir reconnaître comme une forme de torture en se fondant sur l'amendement McCain de décembre 2005 - consiste en une "chaise d'entrave à six points". Le détenu y est attaché par six liens qui l'immobilisent. L'armée a commandé 25 de ces chaises en décembre 2005 après avoir consulté le Bureau des prisons pour savoir pourquoi les détenus continuaient de maigrir alors qu'ils étaient alimentés de force. Selon l'armée, les "consultants" ont recommandé le siège, utilisé pour des détenus violents. L'avocat Richard Murphy, conteste cette version. Il n'a pas trouvé mention de la chaise à six points dans le manuel du Bureau. Le fabriquant des chaises, une compagnie de l'Iowa, recommande de ne pas y maintenir l'individu plus de deux heures. Pour ne pas perdre de temps, les médecins ont donc élargi le tube qui est inséré dans la gorge pour faire passer plus de nourriture. Dans leur témoignage écrit, les responsables de Guantanamo ne démentent pas que M. Bawazir ait été contraint de se soulager sur lui-même alors qu'il était sur la chaise. Mais ils affirment que les détenus sont "formés" à proférer des accusations de mauvais traitements. La juge rendra sa décision le 13 mars. Corine Lesnes