Annonce Le patron de la poste allemande soupçonné de fraude fiscale Après les affaires de corruption mettant en cause des dirigeants chez Volkswagen, Siemens et Mannesmann, le président de la poste allemande est à son tour éclaboussé par un scandale. Klaus Zumwinkel, qui dirige la Deutsche Post depuis 18 ans, est soupçonné de fraude fiscale. Jeudi 14 février, des perquisitions ont été menées simultanément à son domicile à Cologne et à son bureau au siège de la société, à Bonn. Entendu par les enquêteurs, il a finalement été libéré contre le versement d'une caution.Selon le parquet compétent, à Bochum (ouest), M. Zumwinkel aurait placé des sommes s'élevant à un million d'euros sur un compte au Liechtenstein pour échapper au fisc. Outre le chef de la poste, d'autres personnes sont visées par l'enquête.Plusieurs médias avaient, dans un premier temps, évoqué des fraudes beaucoup plus importantes, de l'ordre de dix millions d'euros. La charge est quand même lourde pour celui que certains surnomment le "dinosaure du Dax", en référence à l'indice vedette de la Bourse de FrancfortM. Zumwinkel, 64 ans, est le plus ancien patron parmi les managers des grands groupes allemands, et l'un des plus influents. Il a pris la tête de la Deutsche Post en 1990 et transformé l'administration déficitaire en multinationale. Le dirigeant a notamment orchestré l'entrée en Bourse en 2000 du groupe semi-public qui emploie un demi million de personnes.RÉPUTATION ENTACHÉEConnu pour son sérieux, voire son austérité, l'homme préside en outre les conseils de surveillance de Deutsche Telekom et de Postbank, la filiale bancaire de la Deutsche Post.Mais la réputation de M. Zumwinkel a déjà été entachée, récemment, par une première affaire : l'instauration en décembre 2007 d'un salaire minimum pour la branche postale, favorisant Deutsche Post au détriment de ses concurrents, avait fait flamber le cours de l'action. Dans la foulée, le patron avait vendu un paquet de titres et encaissé près de 5 millions d'euros. Essuyant un feu nourri de critiques sur sa cupidité, il s'était finalement excusé pour son "erreur".Ce nouveau scandale alimente les spéculations sur un retrait anticipé de la présidence du groupe. L'entreprise a balayé dès jeudi les rumeurs en affirmant que son président continuait "à travailler comme d'habitude". Le mandat de M. Zumwinkel à la tête de Deutsche Post expire fin 2008. Compte tenu de son âge, un renouvellement était déjà jugé peu probable. "Si les soupçons à l'encontre de Klaus Zumwinkel se vérifient, il ne restera pas une minute de plus à ses fonctions", s'est emporté Rainer Wend, porte-parole du parti social démocrate (SPD) pour les questions économiques.Pour les pouvoirs publics, le coup est rude : le gouvernement allemand est toujours actionnaire à 30 % de Deutsche Post. Berlin a appelé jeudi à "respecter la présomption d'innocence".
