Changement Le patron de Disney laisse la place à son dauphin Après une forte croissance dans les années 1980 et au début des années 1990, Disney est entré dans une zone de turbulence, dont il commence tout juste à sortir. Le conseil d'administration de la Walt Disney Company a annoncé, dimanche 14 mars, qu'il avait désigné Robert Iger, bras droit de son patron Michael Eisner, pour succéder à ce dernier à la tête du groupe à compter du 30 septembre 2005. A 54 ans et avec plus de trente ans d'expérience des médias derrière lui, Robert Iger, dit "Bob", connaît parfaitement tous les rouages du géant du divertissement dont il est le numéro deux depuis janvier 2000. "C'est vraiment un honneur de me voir confier la responsabilité de guider vers un très brillant avenir cette superbe entreprise, qui occupe une place si importante dans le cœur de millions de gens à travers le monde", a déclaré le nouvel élu.Bob Iger a rejoint Disney dans le sillage du rachat du groupe de média Capital Cities/ABC, en 1996 dont il était alors le numéro deux et où il avait commencé sa carrière en 1974. "Bob [Iger] est un dirigeant expérimenté, talentueux et visionnaire qui a déjà apporté des contributions aussi importantes que cruciales à la bonne performance de Disney", a déclaré George Mitchell, le président du conseil d'administration.Michael Eisner, qui avait pris la tête de Disney et de son conseil d'administration en 1984, partira finalement un an plus tôt que prévu, alors qu'il avait lui-même fait part de son intention rester jusqu'à l'expiration de son contrat en 2006. Mais en mars 2004, il avait essuyé un revers sans précédent lors de l'assemblée générale de Disney. Les actionnaires, déçus des résultats financiers de Disney ces dernières années, avaient alors voté à 45 % la défiance envers le PDG, et ce dernier s'était vu retirer dans la foulée la présidence du conseil d'administration. Il a également renoncé dimanche à reprendre ce poste.En ayant réussi à convaincre M. Eisner de partir un an plus tôt que prévu, le conseil d'administration arrivera peut-être à limiter les critiques, notamment celles des anciens membres du conseil d'administration, Roy Disney, un neveu du fondateur Walt Disney, et Stanley Gold, qui étaient à l'origine de la fronde des actionnaires contre M. Eisner.SORTIE DE CRISEBob Iger a néanmoins la chance de recevoir les clés d'un royaume qui est en meilleure santé qu'il ne l'a été depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient eu un effet désastreux sur la fréquentation des parcs d'attractions.Les difficultés de la chaîne de télévision ABC, incapable pendant des années de produire des émissions attirant le public, plusieurs "flops" au cinéma ou encore la rupture avec les studios d'animation Pixar - à l'origine de succès phénoménaux comme Le Monde de Nemo - à cause du caractère intransigeant de M. Eisner, avaient également pesé sur les performances du groupe. Mais depuis, les parcs ont retrouvé le chemin de la croissance et ABC a produit trois émissions à très gros succès durant sa saison 2004-2005, dont "Desperate Housewives", qui raconte la vie de femmes dans une banlieue américaine.Sur l'ensemble de son exercice 2003/04, clos en septembre, Disney a vu son bénéfice net augmenter de 85 % , son chiffre d'affaires a atteint 30,75 milliards de dollars, et l'entreprise a pu promettre une nouvelle fois une croissance à deux chiffres des bénéfices pour les années à venir.Michael Eisner a lui aussi rendu hommage à son poulain dimanche, après l'avoir longtemps dénigré. Bob Iger "a les qualités tout à fait uniques, nécessaires pour diriger cette incroyable entreprise", a-t-il écrit dimanche dans une lettre au conseil d'administration.
