Accuser Le parti du président Lula accusé d'avoir été financé par CubaCuba a participé au financement de la campagne électorale du président Luiz Inacio Lula da Silva, affirme l'hebdomadaire brésilien Veja dans son édition du samedi 29 octobre. Un ensemble de huit pages accuse le Parti des travailleurs (PT, gauche) d'avoir reçu 3 millions de dollars pour aider son candidat à la présidentielle de 2002. Une donation étrangère formellement interdite, qui exposerait le PT à disparaître de la scène politique, alors que des élections générales sont prévues en octobre 2006.Dès la parution de la revue, le PT et La Havane ont démenti la version de Veja . L'ancien ministre Ricardo Berzoini, nouveau président du parti déjà accusé de financement occulte, soutient que l'accusation est "sans fondement" et qu'elle est avancée sans preuves.Veja invoque les témoignages de deux hommes longtemps liés au PT, car ils ont travaillé pour l'ancien maire de Ribeirao Preto (Etat de Sao Paulo) devenu ministre de l'économie, Antonio Palocci. Ce dernier avait abandonné la mairie pour diriger la campagne présidentielle. L'économiste Vladimir Poleto raconte comment il a transporté, en avion et sans le savoir, les dollars en coupures dissimulées dans des caisses d'alcool. L'avocat Rogerio Buratti assure avoir été contacté "à la demande de M. Palocci" pour acheminer l'argent depuis Cuba.Les deux hommes n'expliquent pas comment l'argent serait arrivé de Cuba et divergent sur la somme, entre 1,4 million et 3 millions de dollars. Ils affirment détenir leurs informations d'un responsable des finances de Ribeirao Preto décédé en 2004. En août 2005, M. Buratti, emprisonné pour corruption, avait négocié avec le ministère public de Sao Paulo, proche de l'opposition, une première accusation contre M. Palocci qui n'a pas eu de suite, faute de preuves.CLIMAT D'ANIMOSITÉVeja a déjà assuré que le PT était financé par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ce qui n'a jamais été démontré. Depuis le début des scandales de corruption, au mois de mai à la Poste, Veja a publié de nombreux articles contre le Parti des travailleurs et des membres du gouvernement, faisant dire à M. Berzoini que " Veja a pris parti pour l'opposition" . Ancien maire de Porto Alegre et nouveau secrétaire général du PT, Raul Pont a préféré ironiser : "Il ne manque plus que l'accusation de bénéficier de l'or de Moscou !"Le parti fondé par le président Lula en 1980 a toujours entretenu de bonnes relations avec le régime de Fidel Castro. Plusieurs de ses membres, comme l'ancien ministre José Dirceu, ont passé des mois ou des années d'exil à Cuba à l'époque où les militaires dirigeaient le Brésil (1964-1985). Fidel Castro était à Brasilia pour assister à la prise de fonctions de Luiz Inacio Lula da Silva, le 1er janvier 2003."L'opération Cuba" surgit dans un climat d'extrême animosité entre le gouvernement et l'opposition, depuis que le Parti social-démocrate brésilien (PSDB, opposition) de l'ancien président Fernando Henrique Cardoso a été touché à son tour par les scandales. Le 25 octobre, le sénateur Eduardo Azeredo a quitté la présidence du PSDB, pour avoir illégalement reçu 250 000 euros durant sa campagne de 1998. Le publicitaire qui assurait le financement occulte du PT, Marcos Valerio, lui avait signé un chèque. Jusqu'alors, le PSDB avait évité que le nom du sénateur, apparu sur les relevés bancaires montrant les bénéficiaires de la caisse noire, ne figure sur la liste des parlementaires menacés de destitution.En dépit de la crise politique gênant la coalition gouvernementale de centre gauche depuis cinq mois, les sondages indiquent que le président Lula conserve des chances de se succéder à lui-même.
