Rencontre Le Parlement s'apprête à lever le dernier obstacle à la tenue du référendum sur l'Europe Les 907 parlementaires français (576 députés et 331 sénateurs) sont convoqués au château de Versailles pour entériner la révision de l'article XV de la Constitution, nécessaire pour l'adoption du traité constitutionnel européen. Evènement historique, l'adoption du texte devrait être une formalité et recueillir les 3/5e des suffrages exprimés nécessaires. Dès le vote acquis, le président Chirac devrait faire connaître le jour retenu pour le référendum. Au Salon de l'agriculture, samedi, il a commencé à faire campagne pour le "oui".Evènement de portée historique, la France va réviser lundi 28 février sa Constitution, un préalable au référendum sur la Constitution européenne, prévu avant l'été et qui constitue un enjeu à haut risque tant pour le pouvoir conservateur, affaibli par la grogne sociale, que pour l'opposition socialiste, divisée. Le vote du Congrès, qui réunit les deux chambres du parlement (Assemblée nationale et Sénat) à Versailles, marquera le début de la campagne du référendum avec, comme premier acte, le choix de la date du scrutin par le président Jacques Chirac.Le projet de révision, déjà adopté par chacune des deux chambres séparément, prévoit notamment le recours au référendum pour la ratification des futures adhésions à l'Union européenne, et notamment celle de la Turquie qui a donné lieu à un débat passionné. L'obligation de référendum ne s'appliquera pas à la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie, pour lesquelles les négociations d'adhésion sont déjà très avancées.Pour la révision de la Constitution de 1958, le chef de l'Etat dispose avec les socialistes d'alliés objectifs. En effet, comme le traité de Maastricht en 1992, la Constitution européenne transcende les clivages politiques. A l'Union pour un Mouvement populaire (UMP), parti du président Chirac, comme au Parti socialiste (PS), la ratification de la Constitution européenne est présentée comme un événement important de la construction européenne. Dans les deux partis, les opposants sont minoritaires.DÉBUT DE LA CAMPAGNEDans ce contexte, la révision de l'article XV de la Constitution française devrait être une formalité et recueillir les 3/5e des suffrages exprimés. Dès le vote acquis, le président Chirac devrait faire connaître le jour retenu pour cette consultation des Français très divisés sur cette question. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on considère que celui-ci est "techniquement possible" entre le 1er mai et le 19 juin.De nombreux partisans du "oui" considèrent que, face à la montée en France du non dans les sondages, il est souhaitable d'organiser au plus vite cette consultation afin de ne pas laisser ses adversaires exploiter un climat social et politique difficile, au moment où le gouvernement est confronté à une vague de contestation sociale et à l'affaire de l'appartement du ministre des Finances Hervé Gaymard.Quel que soit le jour retenu, partisans et adversaires de la Constitution européenne s'accordent pour que la campagne soit la plus pédagogique possible, afin d'éviter une abstention massive comme en Espagne (57,8 %). M. Hollande a souhaité "une campagne d'au moins deux mois car beaucoup ne savent pas ce qu'il y a dans cette Constitution européenne", tandis que l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing, maître d'oeuvre de la Constitution européenne, a plaidé pour une "campagne explicative" afin de rendre le texte "plus accessible, plus compréhensible".Sur le terrain, la campagne n'en est encore qu'à ses balbutiements même si le camp du "non" semble avoir pris une longueur d'avance. Côté gouvernemental, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a donné le 18 février, lors d'une réunion de ses ministres, "le coup d'envoi du travail d'information" qu'il "entend conduire devant les Français". Il a demandé à chacun d'entre eux de tenir une quinzaine de réunions afin de débattre des grandes lignes du traité.Le PS, qui s'est prononcé pour le "oui" après avoir organisé un référendum interne, a déjà lancé une campagne d'affichage publicitaire, et organise samedi une journée nationale de distribution de tracts sur les lieux publics. A l'UMP, la campagne ne devrait officiellement débuter qu'après le Conseil national du 6 mars. Une entrée en campagne qui devrait renforcer les critiques des partisans du "non", notamment des communistes et de l'extrême-droite, et des souverainistes de tous bords.
