Annonce Le Parlement chinois doit adopter une loi prévenant toute dérive de Taïwan vers l'indépendance A l'ouverture de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, le premier ministre, Wen Jiabao, a affirmé que l'armée doit être "capable de vaincre" et il a annoncé un accroissement de son budget de 12,6  %. Pékin de notre correspondant Mise en garde renouvelée aux "forces séparatistes taïwanaises", annonce d'une augmentation sensible du budget militaire et affichage d'un objectif de taux plus faible de croissance afin d'éviter la surchauffe étaient les thèmes attendus de l'ouverture, samedi 5 mars, de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP) de la République populaire de Chine. Sans grande surprise, le premier ministre Wen Jiabao les a développés, samedi matin, lors d'un discours dont certaines inflexions donnent néanmoins l'idée du chemin parcouru vers une plus grande transparence. Ainsi, pour la première fois, le mot de sida a été prononcé par le numéro deux d'un gouvernement qui niait encore, il y a quelques années, la catastrophique expansion de la pandémie en Chine... Dans l'immense salle de l'Assemblée, les vêtements bariolés des délégués appartenant à des minorités ethniques originaires des recoins les plus reculés du pays formaient des taches de couleur parmi l'aréopage monochrome de la plupart des quelque 3 000 "députés" venus de tout le pays pour cet événement majeur dans la vie politique limitée de l'empire du Milieu. "STABILITÉ SOCIALE" La session annuelle du Parlement va être dominée par le projet d'une "loi antisécession" que les délégués devraient voter d'ici au 14 mars. Ce texte vise à rendre illégale toute aspiration à l'"indépendance" de Taïwan. Pékin, qui a multiplié ces dernières semaines des déclarations tour à tour conciliatrices et menaçantes à l'encontre de l'île nationaliste "rebelle", entend ainsi envoyer un message fort au président taïwanais Chen Shui-bian. Celui-ci est considéré par le pouvoir chinois comme l'un des hérauts d'une dangereuse dérive vers l'indépendance. Depuis 1949, date de la défaite du Kuomintang devant les troupes communistes, Taïwan jouit d'une pleine souveraineté politique, mais elle n'a jamais - de jure - coupé les liens avec le continent. Vendredi, le porte-parole de l'ANP avait adopté un ton conciliant. Il avait affirmé que cette future loi n'était pas un "ordre de mobilisation pour la guerre", pas plus qu'elle ne donnait le signal d'un "usage de la force contre Taïwan". Dans son discours, Wen Jiabao a renchéri en affirmant que cette loi, dont les détails ne sont pas encore connus mais qui risque tout de même de légitimer une éventuelle intervention contre l'île, "illustre -notre- position de toujours en faveur de la réunification pacifique". Il a cependant ajouté qu'il s'agit aussi d'empêcher "les forces sécessionnistes partisanes de l'indépendance de Taïwan, de retrancher celle-ci de la Chine sous quelque prétexte que ce soit". Le chef du gouvernement a d'ailleurs insisté sur le fait que son pays doit se doter d'une armée "capable de vaincre" et dont la modernisation est une tâche d'"importance stratégique". Tout en annonçant la réduction de 200 000 hommes des effectifs d'une armée de plus de 2 millions de soldats, il a estimé que cette dernière constituait non seulement une "garantie pour la sécurité nationale", mais aussi pour la "réunification". Dans cet esprit, le budget de l'armée va augmenter de 12,6 % cette année. Ce qui ne manquera évidemment pas d'inquiéter Taïwan et de renforcer l'hostilité américaine à l'éventuelle levée par l'Union européenne de l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine. Même si, en soi, ce budget en hausse ne signifie rien de plus que d'habitude, dans la mesure où la République populaire augmente ses dépenses militaires depuis quinze ans. Plus généralement, au sujet de la Chine continentale, le chef du gouvernement a répété qu'il fallait "préserver la stabilité sociale" en s'efforçant de "résoudre correctement les contradictions au sein du peuple". Il faut prendre en compte, en d'autres termes, les "préoccupations des masses populaires" en ces temps où s'élargit dangereusement le fossé entre ceux qui profitent et ceux qui pâtissent de la libéralisation économique.