Annonce Le numéro un de Hongkong «démissionné» par PékinPour cause d'impopularité, Tung Chee-hwa, le chef de l'exécutif hongkongais, devrait annoncer prochainement son départ. l n'est pas fréquent, en république populaire de Chine, qu'un dirigeant perde son poste pour cause d'impopularité. C'est ce qui arrive à Tung Chee-hwa, le chef de l'exécutif de Hongkong, l'ancienne colonie britannique revenue à la Chine en 1997 : deux ans avant la fin de son mandat, il a été poussé par Pékin à une démission qui devrait être prochainement rendue publique.Voie de garage. Pour sauver la face, concept important en Chine, Tung Chee-hwa quittera ses fonctions pour raisons de santé il a 67 ans , et deviendra vice-président d'un organisme consultatif à Pékin, voie de garage pour cadres placardisés. Mais nul ne doute, à Hongkong comme à Pékin, que le chef de la région autonome a été poussé vers la sortie par la direction chinoise en raison de son échec. La «fuite», dans la presse locale, de l'annonce de son départ a provoqué des réactions de joie à Hongkong...Tung Chee-hwa, un homme d'affaires sans grand panache, désigné à la tête de l'exécutif après la rétrocession de Hongkong à la Chine, a accumulé les maladresses en sept ans au pouvoir. Il a battu tous les records d'impopularité, au point de faire descendre un demi-million de personnes (sur 6,5 millions d'habitants) dans la rue à deux reprises, le 1er juillet 2003 et un an plus tard. Les Hongkongais, autrefois considérés comme apolitiques, ont vivement réagi à une érosion lente de leur autonomie au sein de la Chine communiste, et aux menaces que faisait peser sur les libertés publiques un projet de loi sur la sécurité, retiré après des manifestations de 2003.Largage. L'incapacité de Tung Chee-hwa à retrouver la confiance des Hongkongais lui a valu il y a quelques semaines un désaveu public, sans précédent, du numéro 1 chinois Hu Jintao. Son sort s'est sans doute joué à ce moment-là, lorsque Pékin a estimé que le maintien de Tung à son poste était plus dangereux que son éloignement à froid. Il est vrai que celui-ci avait été désigné par l'ex-président Jiang Zemin, ce qui rend son largage plus facile par son successeur.L'intérim à la tête du gouvernement sera assuré, pour les deux années qui viennent, par Donald Tsang, le Chief Secretary, c'est-à-dire le numéro 2 du territoire. Selon la presse hongkongaise, Tsang a deux ans pour faire ses preuves aux yeux de Pékin, et s'il réussit il aura toutes les chances d'être de nouveau désigné. Le chef de l'exécutif est officiellement «élu» par un collège électoral entièrement dévoué à Pékin.En remplaçant Tung Chee-hwa par un technocrate bénéficiant d'une meilleure image auprès des Hongkongais, Pékin espère désamorcer l'exigence qui s'est largement fait entendre ces deux dernières années d'une élection au suffrage universel du chef de l'exécutif à partir de la prochaine échéance de 2007. Pékin y est opposé, à Hongkong comme dans le reste de la Chine, et espère limiter cette revendication en présentant un homme plus consensuel. Reste à voir si cette tactique suffira à contenir le virus démocratique qui s'est emparé des Hongkongais.
