Statistique Le nombre de faillites d'entreprises s'oriente vers son plus haut niveau depuis 1998Lauvaise nouvelle pour le gouvernement, qui a fait de l'emploi sa priorité, la France a enregistré quelque 25 500 défaillances d'entreprises au premier semestre, un chiffre en hausse de 5,1 % par rapport à la même période en 2004, selon une étude que vient de publier l'assureur crédit Euler Hermes SFAC. Au total, 51 000 entreprises pourraient faire l'objet d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire cette année, contre 48 600 en 2004, ce qui constituerait "le niveau le plus élevé depuis 1998" .Le commerce de détail arrive en tête des secteurs les plus touchés, avec une hausse de 8 % des dépôts de bilan, en raison "de la concurrence des grandes surfaces et du maxidiscompte".La construction (+ 7,4 %), les transports (+ 4 %), les services aux entreprises (+ 4 %) et les cafés-restaurants (+ 2,6 %) n'ont pas non plus été épargnés.A l'inverse, l'immobilier et l'industrie ont vu disparaître moins d'entreprises au premier semestre qu'à la même période en 2004.Le nombre de défaillances a progressé dans la plupart des régions, selon le recensement d'Euler Hermes SFAC, réalisé à partir du Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc).L'Auvergne, le Centre, l'Alsace, la Bourgogne et le Languedoc comptent parmi les zones où la recrudescence des faillites est supérieure à la moyenne nationale. L'Ile-de-France, elle, concentre toujours le quart des défaillances.LES MICROSOCIÉTÉS EN CAUSEEn cause : le ralentissement de la croissance économique, estimée à 1,6 % en cette année par l'assureur crédit, alors que 2 % seraient nécessaires pour faire baisser le nombre de faillites. "La demande interne, qui est restée soutenue, ne parvient plus à compenser la détérioration de la demande externe", souligne l'étude d'Euler Hermes SFAC.Autre facteur clé, l'explosion du nombre de microsociétés (réalisant moins de 1 million d'euros de chiffre d'affaires), qui ont représenté 94 % des défaillances au premier semestre.Philippe Brossard, directeur de l'étude, parle d'un "retour de flamme" après une phase de "surcréation" d'entreprises environ 425 000 en 2003 et 2004, dont beaucoup sont venues gonfler les statistiques des dépôts de bilan. Résultat : le nombre d'entreprises défaillantes est remonté en flèche, après cinq ans de baisse continue.Selon M. Brossard, en diminuant le capital nécessaire pour monter une affaire et en développant les aides à la création, l'Etat a pris le risque de voir les projets fragiles et les faillites se multiplier. "Inciter les gens à créer leur propre entreprise peut être utile pour les faire sortir des statistiques du chômage, souligne-t-il. Mais économiquement, il n'y a pas forcément de place pour eux." Et l'économiste de rappeler les chiffres de l'Insee, selon lesquels la moitié des entreprises créées cette année disparaîtront d'ici à 2010. Une tendance confirmée par une étude du fournisseur de données Bil/DB qui indique que "les défaillances ont atteint des niveaux record chez les jeunes créateurs, 5 143 entreprises de moins de trois ans ayant déposé le bilan au premier semestre", soit une hausse de 13 % en un an."Aujourd'hui, la priorité des politiques économiques devrait être de renforcer le tissu existant de PME", estime M. Brossard, qui souligne les problèmes de fonds propres et de comptabilité très vite rencontrés par les plus petites entreprises, souvent sans salariés.RÉFORME RISQUÉEL'étude du cabinet Euler redoute par ailleurs que la réforme du droit des faillites, applicable début 2006 et visant à anticiper les difficultés des sociétés pour leur éviter de lourdes procédures, ne présente "plus de risques que d'effets bénéfiques". "Sous réserve des précisions qu'apporteront les décrets (...), les entreprises placées en sauvegarde suspendant leurs paiements entraîneront -en cascade- des fournisseurs dans leur déconfiture", souligne le document.Dès lors, les redressements et liquidations judiciaires "risquent plus d'augmenter que de diminuer", insiste M. Brossard, qui craint que "des entrepreneurs peu scrupuleux" utilisent le système comme un "outil de gestion" et en profitent pour ne pas régler leurs factures.L'étude d'Euler Hermes SFAC se veut toutefois un peu plus optimiste pour 2006. Le ralentissement des créations d'entreprises amorcé au premier semestre et la reprise attendue de la croissance permettraient alors "une stabilisation des défaillances".
