Exposition Le mystère Rudolph ValentinoQui est vraiment l'acteur ? Le musée d'Orsay lui consacre une rétrospective. Rudolph Valentino, l'Amant du monde Rétrospective accompagnée d'improvisations musicales, jusqu'au 10 décembre à l'auditorium du musée d'Orsay, 1, rue de la Légion-d'Honneur. Séance : 6 euros (tarif réduit : 4,50 euros). Tél. : 01 40 49 47 52. www.musee-orsay.fr avec Né en Italie la même année que le cinéma, en 1895, il devint, au temps d muet, le prototype du latin lover à l'américaine, «l'amant du monde», et l bête noire des ligues de vertu. Quatre-vingts ans plus tard, que reste-t-il d la séduction sulfureuse de Rudolph Valentino, qui fit pâmer nos aïeules C'est ce mystère qu'on va interroger à Orsay, dont l'auditorium célèbre so souvenirDe Valentino, Hollywood a conjugué le charme «exotique», à base d'oeil de velours, à toutes les sauces : Argentin dans les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, cosaque russe dans l'Aigle noir, prince indien dans The Young Rajah, torero dans Arènes sanglantes, et prince arabe, bien sûr, dans The Sheik et The Son of the Sheik. Sorte d'arc-en-ciel accéléré, sa carrière sur pellicule a duré à peine neuf ans et sa gloire, encore plus brève, s'est concentrée en une quinzaine de films, de 1921 à 1926.Danseur. Débarqué à New York, en 1913, comme danseur mondain, il avait démarré à Hollywood en 1917. Beaucoup de ses films se sont perdus. Même Beyonds the Rocks, que diffuse Orsay aujourd'hui, est une rareté. Il a été tourné, en 1922, sous la direction de Sam Wood, tâcheron de la Paramount, avec, en guise de star féminine, Gloria Swansson, bien plus cultissime à l'époque que Valentino lui-même. Toute trace en était pourtant considérée comme disparue, jusqu'à ce que le Netherland Filmmuseum en retrouve des négatifs en 2003, prélude à une restauration célébrée en grande pompe à Cannes.Valentino, adulé des femmes, a été créé par elles. C'est la scénariste June Mathis qui a initié son succès, en conseillant à Rex Ingram de l'embaucher pour les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, en 1921 . Elle était liée à Alla Nazimova, une actrice formée en Russie à l'école théâtrale de Konstantin Stanilasky et qui, arrivée aux Etats-Unis en 1906, avait commencé à s'imposer sur les planches comme une grande interprète d'Ibsen. June Mathis (pour le scénario) et Anna Nazimova (principale interprète féminine) : le duo est encore au centre de Camille, version modernisée (à la mode années 20) de la Dame aux camélias, dont Valentino va être l'Armand Duval, et qu'Orsay propose demain.Le film vaut pour lui, sans doute. Mais plus encore pour Nazimova, séductrice au jeu exacerbé et aux poses stylisées, qui a beaucoup compté dans l'esthétique du cinéma muet et dont la personnalité et la carrière tout entière méritent l'attention des cinéphiles (et des féministes). A la décoration de Camille, oeuvra enfin une troisième dame clé, à la forte personnalité : Natacha Rambova, que Valentino épousera en 1922, après avoir divorcé de Jean Acker, starlette lesbienne du même cercle.Rumeurs. L'envahissante Rambova exercera une telle influence sur l'acteur et sur sa carrière qu'elle sera rendue en partie responsable de l'échec de Monsieur Baucaire (1924). Quand Valentino, en 1925, passera chez United Artists, une clause spéciale du contrat lui interdira l'accès des plateaux où il tourne. Leur séparation, dans la foulée, lui donnera l'occasion de lancer quelques rumeurs fâcheuses sur sa virilité.Il avait beau s'en défendre avec véhémence, la réputation d'homosexualité de Valentino était forgée. Dans la mémoire collective, il passe pour avoir incarné le maniérisme kitsch. C'est la surprise de la rétrospective de découvrir à quel point cette image est injuste. Calamistré, oui. L'arcade très fardée, sans doute. Mais le jeu d'une étonnante simplicité. Infiniment plus sobre et naturel que beaucoup des partenaires féminines dont il est le faire-valoir. Avec une jeunesse, une fluidité de mouvements qui perce l'épaisseur du maquillage.C'était un angoissé. Des ulcères gastriques infectés lui valurent, à 31 ans, une péritonite fatale. Il venait de tourner le Fils du cheik (dimanche, à Orsay) . Son apothéose.
