Élection Le leader de la droite tchèque, Mirek Topolanek, remporte les législatives A 50 ans, l'ingénieur Mirek Topolanek, chef du Parti démocratique civique (ODS, droite), a rempli la mission que lui avait confiée le fondateur du parti, l'actuel président de la République tchèque, Vaclav Klaus, lorsqu'il avait pris sa succession en décembre 2002 : ramener la droite anticommuniste, eurosceptique et libérale au pouvoir. Après les élections législatives de vendredi 2 et samedi 3 juin, l'ODS, qui a remporté le scrutin avec 35,38 % des voix devant le Parti social-démocrate (CSSD), au gouvernement depuis huit ans (32,32 %), devrait prendre les commandes de l'Etat jusqu'en 2010. M. Klaus a annoncé dès samedi qu'il chargerait M. Topolanek d'entamer les négociations pour former un gouvernement de coalition. Mais la tâche sera ardue, car aucune combinaison ne dispose de la majorité, hormis une grande coalition ODS-CSSD. Les communistes (KSCM) ont recueilli 12,8 %, les chrétiens-démocrates (KDU-CSL) 7,22 %, et les Verts, 6,29 %, qui font leur entrée à la Chambre basse. Une alliance ODS, KDU-CSL et Verts ne totaliserait que 100 sièges sur 200. M. Topolanek a donc la difficile mission de sortir le pays de l'impasse. Le destin de ce Morave rappelle le sort de la chancelière allemande, la chrétienne-démocrate Angela Merkel, contrainte fin 2005 à une coalition avec ses adversaires sociaux-démocrates. Peu charismatique, M. Topolanek est un pragmatique qui tranche avec son prédécesseur à la tête de l'ODS. M. Klaus avait d'ailleurs, dans un Texto, qualifié son successeur de "faux et vide". Ses relations avec les caciques pragois du parti n'ont pas toujours été faciles. Mais les victoires électorales se répétant (municipales, sénatoriales et européennes), ses détracteurs se sont laissé convaincre par cet homme de terrain, un "provincial qui manque d'idées", selon l'un d'entre eux. Né le 15 mai 1956 à Vsetin, dans l'est du pays, ce fils d'un ingénieur et d'une pharmacienne a privilégié sa vie de famille pendant la dernière décennie du communisme. Il n'adhère alors ni au Parti communiste ni à la dissidence. S'il participe à la création du Forum civique à Ostrava (nord-est) lors de la "révolution de velours", en 1989, après la chute du régime, il se lance dans les affaires. Il n'entre en politique qu'en 1994. Son élection à la tête du parti en décembre 2002 crée la surprise. Inconnu du grand public, M. Topolanek est un compromis entre différents courants et personnalités, soutenu par des cadres provinciaux du parti en bisbille avec la centrale pragoise. Son langage moins policé et technocratique que celui de M. Klaus séduit, ainsi que son esprit d'équipe. M. Topolanek met en avant ses lieutenants et les leaders régionaux. Une stratégie qui a permis à l'ODS de conquérir la majorité du Sénat, les trois quarts des mairies et des assemblées régionales. Sans compter la fonction de chef d'Etat. Jiri Paroubek, le premier ministre social-démocrate sortant, a mis en garde, samedi, contre la "dictature bleue" (la couleur de l'ODS) dans un discours virulent à l'issue du scrutin. Il a refusé de reconnaître sa défaite et a déclaré envisager le dépôt d'un recours devant la Haute Cour administrative pour irrégularités.