Annonce Le juge Guzman ordonne l'inculpation d'Augusto Pinochet L'ancien dictateur chilien a été inculpé, lundi, pour l'enlèvement de neuf dissidents et le meurtre d'un autre à l'époque où il était au pouvoir au Chili, dans le cadre de l'enquête sur la répression conjointe des dissidents dans l'Amérique latine du temps des dictatures.Le juge chilien Juan Guzman Tapia a annoncé lundi 13 décembre qu'il avait ordonné la mise en résidence surveillée et l'inculpation de l'ex-dictateur Augusto Pinochet pour la séquestration de neuf victimes de l'Opération Condor, dont les corps n'ont jamais été retrouvés, et pour l'homicide d'une de ces personnesdans le cadre de l'Opération Condor, le programme des dictatures sud-américaines pour éliminer les opposants de gauche et d'extrême gauche. Le magistrat a expliqué que la santé mentale du général Pinochet, âgé de 89 ans et qui a gouverné le Chili de 1973 à 1990, lui permettait d'être jugé, citant à l'appui "la cohérence et la compréhension des questions et ses réponses pertinentes" pendant son interrogatoire le 25 septembre dernier. En novembre, le magistrat avait reporté sa décision sur un éventuel jugement de l'ex-dictateur, déclarant vouloir établir avec certitude si le général Pinochet était bien en état d'être jugé.Guzman Tapia avait déjà fait arrêter Pinochet pendant six semaines en février et mars 2001 et l'avait inculpé dans le cadre de la "Caravane de la mort", un groupe de militaires qui a parcouru le Chili en octobre 1973, le mois suivant le putsch du général Pinochet, pour commettre enlèvements et assassinats. La Cour Suprême avait toutefois prononcé un non-lieu, en juillet 2002, en se fondant sur un rapport médical indiquant qu'il était atteint d'une "démence modérée" qui ne lui permettait pas d'assurer sa défense devant les tribunaux.PLUSIEURS DOSSIERS EN COURSLe 26 août dernier, dans le cadre du dossier de l'Opération Condor, la plus haute instance judiciaire chilienne avait pourtant levé l'immunité de Pinochet, ouvrant la voie à un autre procès, après une nouvelle demande de plaignants. Après cet arrêt, le juge Guzman Tapia avait ordonné de nouveaux examens médicaux pour savoir si l'ancien dictateur pouvait être jugé.Les ennuis judiciaires de Pinochet ne se limitent pas à ce dossier puisque son immunité vient d'être levée le 2 décembre par la Cour d'appel de Santiago pour ses responsabilités dans l'assassinat à Buenos Aires le 30 septembre 1974 du général chilien Carlos Prats et de sa femme, Sofia Cuthbert. Prats avait été commandant en chef des armées, vice-président et ministre de l'intérieur du président socialiste Salvador Allende, qui se suicida le jour du putsch de Pinochet, le 11 septembre 1973. La décision de la Cour d'appel doit encore être ratifiée par la Cour suprême.Une autre enquête judiciaire a été déclenchée après la révélation en juillet dernier de l'existence de fonds secrets de l'ex-dictateur à la Riggs Bank de Washington entre 1994 et 2002, qui pourraient avoir dépassé les 15 millions de dollars. Le juge Sergio Munoz a été désignée pour déterminer la légalité de l'origine de ces fonds et un avocat, Alfonso Insunza, a annoncé jeudi dernier qu'il déposerait cette semaine une nouvelle demande de levée de l'immunité de Pinochet dans ce dossier
