Mort du journaliste et écrivain Maurice Chavardès
Mort Le journaliste et écrivain Maurice Chavardès est mort mercredi 5 octobre, à son domicile de Sète, quelques jours avant de fêter son quatre-vingt-septième anniversaire.Le nom de Maurice Chavardès est attaché aux grandes heures de Témoignage chrétien, journal fondé à l'époque de la Résistance. Né à Narbonne le 8 octobre 1918, ce catholique de gauche y tint pendant plus de trente années la chronique des lettres, où il repéra beaucoup de jeunes talents, même si ce lecteur fervent de Montaigne conserva toujours un goût fort classique. Il a aussi collaboré à d'autres publications, en particulier à la revue Esprit .En 1944, Maurice Chavardès célébrait la résistance populaire dans son poème Psaume de Pâques : "L'Alléluia de paix a jailli de mon peuple aux mains déchirées / Dont les bras ont pesé la Croix car ce peuple m'a prêté son épaule / Ma Pâque se renouvelle pour ceux qui sont descendus avec la poitrine étoilée" . Ce "grand chrétien" , selon le mot d'Hubert Nyssen, son dernier éditeur, fut aussi un profond humaniste, à la fibre ouvrière, proche du Mouvement de la paix. Pour lui, la figure du Christ et celle du peuple étaient inséparables.Essayiste et historien, Maurice Chavardès s'intéressa aux grands événements politiques, avec notamment Eté 1936. La Victoire du Front populaire. Son dernier roman, Le Frelon (Actes Sud, 1990), était un polar sur fond religieux. Paradoxe d'un personnage réservé, discret, voire secret dans la vie, qui dans ses textes se révélait plein de feu, et profondément attaché à sa terre de Languedoc.Mystique et charnel, cet homme du Sud fit de sa région natale le cadre de ses romans et de son théâtre ; fasciné par les cathares, il leur consacra une pièce (Le Brasier de Montségur , créée sous le titre Les Brasiers ). Alliant foi chrétienne et engagement républicain, il milita également pour la liberté de la littérature face aux pouvoirs : "Il n'appartient pas à l'écrivain de mettre son art au service de quelque technocratie que ce soit ", proclama-t-il très tôt.Maurice Chavardès écrivit à propos du journaliste et résistant André Ulmann des mots qu'on pourrait aussi bien lui appliquer : "C'est en étant pleinement homme, et non surhomme, qu'on peut espérer rétablir les équilibres rompus par la volonté de puissance, par la cupidité et le racisme ."