Annonce Le journal d'un cancer au quotidien Depuis septembre 2002, Ivan Noble, journaliste pour la BBC, relatait sur Internet sa lutte contre une tumeur au cerveau. Trop faible, il a décidé la semaine dernière d'arrêter son récit. Il est mort dans la journée de lundi. Mis en ligne le 31 janvier 2005   C'était bien avant que les weblogs ne soient à la mode. D'ailleurs, ce n'était pas tant un weblog qu'un simple carnet, le journal d'un homme soudain confronté à la maladie. C'était en septembre 2002 : Ivan Noble, journaliste scientifique pour la BBC, apprenait qu'il avait une tumeur au cerveau. Il avait alors 37 ans. Deux ans et demi plus tard, Ivan Noble s'est éteint. C'était lundi dernier. Une semaine auparavant, il avait annoncé qu'il mettait fin au récit de son combat contre la maladie. Se sentant devenir progressivement trop faible pour le tenir, il avait préféré y mettre fin de lui-même plutôt que de s'apercevoir qu'il n'était plus capable d'y écrire. Dans le dernier de ses billets hebdomadaires, il expliquait qu'il savait enfin pourquoi il s'était attelé à cette tâche. Le soutien des lecteurs "Je n'avais jamais été interessé par ce genre de journalisme, que ce soit pour le lire ou l'écrire", écrivait-il. "Mais lorsque j'ai été diagnostiqué en 2000, j'ai senti le besoin de répondre à l'impuissance dans laquelle la situation semblait me réduire. De ce mal, je voulais tenter de tirer du bon. (…) Et je voulais faire de ce journal un moyen de garder un lien avec mon emploi, au cas où je n'ai plus la force de travailler". Surtout, Ivan Noble aura trouvé chez ses lecteurs une raison d'écrire. Chaque semaine, qu'il raconte une chimiotérapie, sa volonté de reprendre confiance face à ses doutes, la naissance de son enfant ou l'optimisme né de l'arrivée de factures, les mails arrivaient par dizaine le remerciant pour son journal. Fin janvier 2003, au sortir de plusieurs séances de chimiothérapie, il expliquait ainsi le bien que lui avaient fait des messages de lecteurs qui le remerciaient "pour leur avoir rappelé pourquoi ils sont scientifiques" ou qui "expliquent simplement que je les ai aidés à mieux prendre soin de leurs patients". Empathie La BBC publiait ces mails à la suite de chacun de ses billets. Des gens qui avaient vécu un cancer, dont les proches étaient en soin, et qui trouvaient dans son journal empathie et réconfort. Empathie pour les moments de simple humanité, comme lorsqu'il raconte qu'il "s'est senti bêtement flatté quand une charmante jeune médecin lui a annoncé qu'ils avaient trouvé quelque chose 'd'intéressant' après un scanner". Réconfort lorsqu'il décide de regarder la vie avec un "optimisme prudent". Ce sont des petits riens, des observations simples et humaines qui ont fait son succès : "C'est comme si j'avais perdu toute capacité à avoir une opinion mesurée, expliquait-il en mars dernier. Tout est soit fantastique, soit affreux. Il y a rarement d'entre deux". Au total, plus de 10.000 personnes lisaient chaque semaine son journal, plus nombreuses encore lorsqu'il a décidé de ralentir le rythme pour publier chaque mois. Comme pour chaque autre billet, le tout dernier est suivi d'une longue liste de messages de ses lecteurs. "Votre famille est bien plus grande que vous ne l'imaginez", lui écrit un de ces lecteurs. Le carnet d'Ivan Noble