Procès Le jeune militant d'extrême droite encourt la réclusion à perpétuité pour sa tentative d'assassinat du chef de l'Etat, le 14 juillet 2002 Maxime Brunerie devant ses juges Le procès de Maxime Brunerie s'ouvre aujourd'hui devant la cour d'assises de Paris. Ce jeune homme de 27 ans répond d'une tentative d'assassinat visant Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, en plein défilé militaire sur les Champs-Elysées. L'accusé avait tenté de se suicider immédiatement après avoir manqué sa cible. Déclaré responsable de ses actes, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le président de la République ne s'est pas constitué partie civile. Le verdict est prévu pour vendredi prochain. Déclaré responsable de ses actes, le jeune homme arrêté juste après sa tentative d'assassinat encourt la réclusion criminelle à perpétuité.   (Photo AFP)  Il existe, de nos jours, plusieurs filières pour accéder à la célébrité. Deux, particulièrement : l'école Loana et l'école Ravaillac. En tentant d'assassiner Jacques Chirac, Maxime Brunerie a-t-il cherché le compromis ? Il a déclaré regarder peu la télévision et mépriser «Loft story» ; le cousinage proposé par un psychiatre avec l'homme qui, en 1610, tua Henri IV, recueillit, en revanche, son assentiment. Le 14 juillet 2002, Maxime Brunerie s'est posté, tôt le matin, sur les Champs-Elysées. Dans un étui à guitare, il a dissimulé une carabine 22 long rifle. Son projet a mûri depuis mai : il va tuer le président de la République, se suicider immédiatement après et, de la sorte, entrer dans l'histoire. L'accusé avait lancé des messages sibyllins sur Internet, comme des bandes-annonces de cinéma plus ou moins énigmatiques, utilisant notamment des sites dédiés à l'extrême droite la plus ultra, puisque lui-même gravitait autour de cette mouvance. Ainsi, à la veille de sa tentative, avait-il émis en anglais un avertissement signé «Maxime de Paris» : «Regardez la télévision ce dimanche, la star ce sera moi. Mort à Zog, 88» («Zog» signifiant «zionist occupied government», «88» pour «Heil Hitler» car le «h» est la huitième lettre de l'alphabet). Un autre texte, de veine plus potache, promettait un événement de nature «Boum-badaboum-paf-boum». Vers 9 h 50, alors que le chef de l'Etat se trouve à moins de vingt mètres du canon de son arme, Maxime Brunerie fait feu. Il manque sa cible – les spécialistes en balistique confirment qu'il aurait pu, sans cela, tuer le président de la République – et retourne promptement la 22 long rifle contre lui : il a toujours affirmé que le suicide était, dans son plan, plus important que le meurtre. Mais des badauds parviennent à le désarmer et il est interpellé. La question se pose d'emblée : est-il fou ? Sur ce point, les diagnostics ont divergé. A défaut d'être entré dans l'histoire par la grande porte, Maxime Brunerie peut se targuer de figurer au livre des records de la psychiatrie : il est sans doute l'accusé le plus expertisé d'Europe. Le dernier collège commis par le juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy établira que l'intéressé présentait, au moment des faits, «un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré [ndlr : et non aboli] son discernement et entravé le contrôle de ses actes». Par ailleurs, «l'acte suicidaire n'est pas un acte d'irresponsabilité» en ce sens que «le sujet en escomptait un bénéfice majeur». Maxime Brunerie est donc, légalement parlant, «accessible à une sanction pénale». Ses avocats, Mes Pierre Andrieu et Jean-Sébastien Tesler, ne manqueront pas de mettre l'accent sur l'évidente fragilité mentale, l'«état limite» d'un être qui rêvait d'une gloire somme toute facilement acquise, sans pouvoir se satisfaire de la prophétie de l'écrivain anglais Martin Amis : «Il est faux de dire que, demain, tout le monde sera célèbre un quart d'heure. Demain, chacun sera célèbre en permanence, mais on sera le seul à le savoir.»