Annonce Le Japon est "d'accord pour discuter" sur la possibilité d'implantation d'ITER en Europe La présidence luxembourgeoise de l'Union européenne a fait part de sa satisfaction, lundi 2 mai, après la rencontre entre l'Union européenne et le Japon à Luxembourg, où les discussions sur l'implantation du réacteur expérimental de fusion nucléaire ITER ont avancé. Ce sujet oppose depuis plusieurs mois l'UE au Japon. "Le Japon est d'accord pour discuter la possibilité qu'ITER soit en Europe, une chose qui jusque-là était impossible pour eux", a déclaré Jeannot Krecké, ministre de l'économie du Luxembourg, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l'UE, lors d'une conférence de presse à Paris. L'optimisme européen est en outre conforté par l'évolution de la position des Etats-Unis. "Les Etats-Unis, qui étaient dans le camp du Japon, se sont déclarés également ouverts vis-à-vis de tout accord qui pourrait se faire entre l'UE et le Japon", a insisté le ministre luxembourgeois. "Donc on a bon espoir qu'on puisse éventuellement aboutir dans les prochaines semaines à un accord", a-t-il ajouté. Un peu plus tôt lundi, le premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, avait indiqué en marge du sommet espérer un accord "aussi rapidement que possible" avec l'Union européenne. "OUVERTURE D'ESPRIT" Le sujet ITER a été abordé avec les responsables européens lors du sommet, a-t-il souligné, sans donner plus de précisions sur les dernières négociations concernant ce projet lancé par l'Union européenne, le Japon, les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Sud. Depuis des mois, le Japon défend le site de Rokkasho-mura dans le nord de l'archipel, soutenu par les Américains et les Coréens, tandis que l'Union européenne plaide pour le site de Cadarache, dans le sud de la France avec l'appui des Russes et des Chinois. "On a bon espoir d'aboutir dans les prochaines semaines à un accord", a indiqué lundi M. Krecké, précisant que "pour la première fois" dans les discussions engagées entre la présidence de l'Union européenne et le Japon, l'UE avait senti "au moins une ouverture d'esprit". Le 12 avril à Tokyo, le Japon et l'UE avaient une nouvelle fois échoué à sortir de l'impasse sur le site d'implantation de l'ITER, mais s'étaient donné encore trois mois de sursis pour tenter de sauver le projet original à six et parvenir à un règlement politique. L'objectif fixé alors était d'aboutir à un accord avant la réunion du prochain G8 début juillet en Ecosse. TOURNANT POLITIQUE Depuis la fin 2004, l'UE ne fait pas mystère de sa volonté de lancer la construction d'ITER à Cadarache sans le Japon si aucun accord n'est rapidement trouvé, le conflit prenant un tour encore plus politique. Les dirigeants de l'UE ont même décidé, le 23 mars à Bruxelles, de commencer la construction d'ITER à Cadarache d'ici à la fin de l'année 2005. La Commission européenne prône une solution dans le cadre d'une "approche élargie", qui prévoit des activités complémentaires à ITER sur la fusion de façon à compenser le pays "non hôte", en l'occurrence le Japon. Moins d'une semaine après la décision européenne, lors de la visite du président Jacques Chirac au Japon, Junichiro Koizumi avait affirmé que son pays n'avait "nullement l'intention de renoncer" à accueillir ITER sur le site japonais, chaque pays campant fermement sur ses positions. L'ITER, un réacteur qui vise à apporter à terme une solution de rechange à la fission nucléaire en reproduisant la fusion de noyaux d'atomes, est un projet estimé à 10 milliards d'euros sur 30 ans, dont 4,57 milliards pour la seule construction du réacteur, qui doit durer dix ans.