Record le hurdler français qui avait trébuché en finale des Jeux olympiques d'Athènes, en août, a battu ses deux principaux rivaux, en 13 sec 02, vendredi 1er juillet, au Stade de France Retour gagnant et record de France du 110 m haies pour Ladji Doucouré courir pour moi et contre les autre s." Cet adage que Ladji Doucouré parvient désormais à mettre en pratique sur la piste le mue progressivement en figure de proue de l'athlétisme français. Déjà sacré champion d'Europe du 60 m haies en salle, début mars, le hurdler francilien, âgé de 23 ans, a créé l'événement en remportant un 110 m haies au plateau exceptionnel, vendredi 1er juillet, dans un Stade de France comble, empli de 70 253 spectateurs portant les différentes couleurs des anneaux olympiques. Pour Christine Arron, "un bon début" Vainqueur du 100 m en 11 s 03 devant la Bahamienne Chandra Sturrup (11 s 05) et l'Américaine Lauryn Williams (11 s 16), Christine Arron a établi son meilleur chrono de la saison, vendredi 1er juillet au Stade de France. "Il a fallu que je reste vraiment concentrée sur ma course pour ne pas me désunir et terminer le mieux possible, a expliqué la Guadeloupéenne. C'est un bon début, même si j'ai toujours envie de mieux faire. C'est, en tout cas, mieux que l'année dernière à la même époque et mieux que les 11 sec 09 de la Coupe d'Europe de Florence -17-19 juin-." La sprinteuse française, qui souhaiterait effacer son échec des Jeux d'Athènes (élimination en demi-finale alors qu'un podium lui semblait promis), a estimé que "pour les championnats du monde d'Helsinki -6-14 août- le gros du travail -était- fait, à part quelques séances de sprint". Elle a indiqué qu'elle enchaînerait quelques courses, notamment aux meetings de Lausanne (5 juillet) et de Rome (8 juillet). [-] fermer Au passage, Ladji Doucouré s'est permis de coiffer l'Américain Allen Johnson, quadruple champion du monde (13 s 02 contre 13 s 04), et de dominer le Chinois Liu Xiang, champion olympique à Athènes en août, et son principal adversaire depuis les catégories jeunes (3e en 13 s 06). Au passage, le jeune Français a amélioré son propre record de France, établi le 26 août en demi-finale des Jeux d'Athènes (13 s 06). "C'est bien, c'est même très bien, mais ça ne compte pas vraiment, soufflait Ladji après sa course. C'est dans un mois et demi, à Helsinki -aux championnats du monde organisés en Finlande du 6 au 14 août- qu'il faut gagner. C'était ma vraie grande rentrée. Je suis un peu surpris car j'ai battu mon record mais je l'avais dans les jambes." Soucieux de voir son élève à son zénith en grands championnats, Renaud Longuèvre, son entraîneur, ne s'emballe pas : "Ladji avait réussi 13 s 06 l'année dernière sans avoir chaussé les pointes entre le 1er mai et le 15 juin -à cause d'une blessure aux ischio-jambiers, rappelle l'entraîneur-. Or, cette année, nous n'avons pas eu à déprogrammer une seule séance d'entraînement depuis le 15 octobre. Il n'y a pas de secret dans le haut niveau, la préparation doit être un ronron ininterrompu qui permet que la performance soit attendue." "Double ration de concentration" , avait-il tout de même glissé par précaution à Ladji avant la chambre d'appel. Une recommandation devenue superflue depuis la finale olympique d'Athènes que Doucouré termina 8e après avoir été déséquilibré lors d'un choc avec la dernière haie, alors qu'il était en position de médaillable. Cette mésaventure a enseigné au recordman de France qu'il faut "rester concentré jusqu'au bout et surtout ne pas paniquer" . "Ce n'est pas facile d'être devant , explique l'athlète, car il faut rester placé, ne pas mal accélérer... Alors que quand tu es juste derrière, tu as les crocs, une sorte de second souffle qui te permet de revenir. A Athènes, j'avais les crocs mais je me suis trop concentré sur le Chinois -Liu Xiang-, trop calé sur lui et pas assez sur les haies." En dépit de plusieurs fautes entre la 6e et la 10e haie, Doucouré pouvait se réjouir, vendredi, d'avoir signé une bonne course. "Techniquement, je sens que je réagis bien , a-t-il résumé. Les Américains Allen Johnson et Dominique Arnold sont là comme des bombes, puis j'arrive à revenir devant à la 5e ou 6e haie, et je le sens. Mais je sens aussi que j'arrive de plus en plus près -de chaque obstacle- et qu'il ne faut pas refaire comme à Athènes, alors je redresse un peu plus les épaules et j'essaie de garder de la vitesse sans chuter. Le but était de rester solide, de ne pas craquer." Il l'a fait, mais sa performance du Stade de France est pourtant loin de lui garantir le titre mondial d'Helsinki. Lucide, Renaud Longuèvre rappelle qu'Allen Johnson s'est aligné au départ des impitoyables sélections américaines (24-26 juin) pour y gagner chèrement son billet pour la Finlande : "Faire 13 s 04 après ça, avec en plus le voyage et le décalage horaire, c'est quand même très fort , dit-il. Pour les Américains, c'est comme d'avoir deux championnats du monde dans la même saison qui les obligent à être dans une forme monstrueuse une fois en juin et une fois en août." L'entraîneur français a également observé de près les séances d'entraînement musclées effectuées par le Chinois Liu Xiang, débarqué à Roissy mardi 28 juin et invité à séjourner cet été à l'Insep entre les compétitions lors d'un accord entre les fédérations française et chinoise d'athlétisme : "Il a fait de la musculation lourde, puis des mises en action dès son arrivée, et, le lendemain, il a mis les pointes, alors que le décal age horaire quand on vient d'Asie est vraiment dur , raconte Renaud Longuèvre. Lui et Johnson vont forcément monter en puissance dès le meeting de Rome -8 juillet-, et leur course au Stade de France sera sûrement la plus creuse de toute leur saison." D'autant que l'humiliation infligée par Doucouré leur inspirera immanquablement une riposte. Le Français en est conscient. "Si ça -la victoire à Paris-Saint Denis- peut aider , tant mieux, mais il faut redescendre vite sur terre. J'ai battu Johnson, d'accord. Mais lui, il m'a battu combien de fois ? Je ne suis pas favori pour Helsinki au niveau des chronos. Allen Johnson a déjà couru en 12 s 99 et Dominique Arnold et Terrence Trammell -le troisième Américain vice-champion olympique- en 13 s 01 et 13 s 02. L'année dernière, j'avais tendance à faire de mauvaises courses en Golden League. Là, psychologiquement j'ai marqué quelques points, mais ils ne vont pas me lâcher."