Mort du guitariste d'improvisation Derek Bailey

Mort Le guitariste d'improvisation Derek Bailey est mort Derek Bailey s'est éteint à Londres à l'âge de 75 ans, dans les premières heures du 25 décembre." C'est ainsi que Martin Davidson, son principal producteur, a annoncé par e-mail la mort du guitariste, qui était atteint d'une maladie neuro-dégénérative. Le directeur du label Emanem, qui a édité quinze disques de son ami anglais, confirmait ainsi une information qui circulait via les forums Internet consacrés au jazz. Les amateurs pleurent "un père de la musique improvisée" qui, depuis trente-cinq ans, avait ouvert une voie radicale, aux frontières du jazz et de la musique expérimentale. "De prime abord, Derek Bailey n'a presque aucune des qualités qu'on attend d'un musicien de jazz : sa musique ne swingue pas particulièrement, elle ne montre pas non plus de sens réel du blues. Pourtant, son style amélodique, arythmique, atonal, inclassable et totalement improvisé est profondément lié au jazz né après John Coltrane, explique Chris Kelsey, du guide musical en ligne de référence Allmusic.com. Son approche est différente de celle de tous ses prédécesseurs. Bailey utilise la guitare comme un instrument qui produit des sons, pas de la 'musique'." Fervent créateur dans l'expérimental, Bailey pouvait modeler des médiators avec de la pâte à prothèse dentaire ou improviser sur la voix de Margaret Thatcher passant à la radio, comme dans l'un des morceaux de la rétrospective Fairly Early with Postscripts – l'un de ses quinze disques publiés par Emanem. "Ce n'est pas de la musique pour les petites natures", précisait, avec humour, Allmusic.com dans sa critique. Plus tard, Derek Bailey sortit un disque en duo avec DJ Ninj, un disc-jockey de drum'n'bass, ou allia sa verve à celle d'Evan Parker, de Steve Lacy, d'Anthony Braxton ou de Joëlle Léandre. Otomo Yoshihide, un autre guitariste "libre", lui a dédié un concert à New York, lundi soir. Né le 29 janvier 1930 à Sheffield, Derek Bailey vivait entre Barcelone et Londres. A ses débuts, dans les années 1950, il fit ses armes en tant que guitariste de groupe, de bar et de studio, avant d'être attiré, à partir de 1965, par le jazz improvisé. En 1970, il a cofondé Incus Records, l'un des premiers labels au monde dirigé par des musiciens. Puis, en 1976, il forme Company, ensemble changeant de musiciens improvisateurs de tous horizons géographiques. En 1980, Derek Bailey avait consacré un livre à l'improvisation (L'Improvisation, sa nature et sa pratique dans la musique, éditions Outre-mesure), dont il donnait cette définition : "Elle peut être considérée comme une célébration de l'instant."