Arrestation Le général Poncet a été mis en examen dans l'affaire du meurtre de Firmin MahéAprès avoir été entendu, mardi 13 décembre, par la brigade criminelle de Paris sous le régime de la garde à vue, le général Henri Poncet, ancien commandant de la force "Licorne" en Côte d'Ivoire, a été mis en examen en soirée pour "complicité d'homicide volontaire" dans l'affaire du meurtre d'un civil ivoirien, Firmin Mahé. L'adjoint de M. Poncet également entendu par les enquêteursL'adjoint du général Poncet, le général Renaud de Malaussène, également mis en cause dans l'enquête sur le meurtre de Firmin Mahé, a lui aussi été entendu, mardi 13 décembre, par la brigade criminelle de Paris.Contrairement à son supérieur, le général Malaussène ne fait pas l'objet d'une garde à vue mais d'une audition par la police, une mesure qui n'est pas coercitive. Il est ressorti libre de l'audition.[-] fermerL'officier a été laissé en liberté par le juge des libertés et de la détention (JLD), chargé de statuer sur un placement en détention ou non. Contrairement aux réquisitions du parquet, la juge d'instruction du tribunal aux armées de Paris (TAP), Brigitte Raynaud, avait saisi le juge des libertés et de la détention, en vue d'un éventuel placement en détention. Ce dernier n'a pas jugé nécessaire d'écrouer le général.Henri Poncet s'était de lui-même présenté dans les locaux de la brigade criminelle à la suite d'une convocation des enquêteurs français. Suspendu par le ministère de la défense en octobre, le général Poncet, qui commandait en mai les 4 000 soldats français de la force "Licorne" – déployés aux côtés des casques bleus de l'ONU en Côte d'Ivoire –, est mis en cause par l'un de ses anciens subordonnés. Il lui est reproché jusqu'ici d'avoir "couvert" le crime, mais pas de l'avoir ordonné.UN ORDRE IMPLICITEL'avocat du général Poncet, Me Jean-René Farthouat, a opposé mardi 13 décembre un "démenti formel" aux déclarations du colonel Eric Burgaud, mis en examen le 30 novembre pour "complicité d'homicide volontaire", qui avait affirmé avoir relayé un ordre implicite du général Poncet. "Il n'y a pas le moindre ordre implicite de cette nature donné par mon client", a-t-il précisé, ajoutant : "Je réserve les déclarations sur le fond à la juge d'instruction."Le colonel Burgaud avait expliqué lors de sa garde à vue qu'il avait relayé, le 13 mai 2005, un ordre implicite du général Poncet en demandant à deux militaires du rang de tuer Firmin Mahé, considéré par l'armée française comme un "coupeur de routes", violeur et assassin.Le général aurait demandé par radio au colonel Burgaud de "ramener" Firmin Mahé, interpellé dans la "zone de confiance", vers l'hôpital de Man. L'homme avait été blessé au cours d'une échauffourée avec des soldats français dans la matinée. Le général Poncet lui aurait précisé de prendre tout son temps, ajoutant : "Vous me comprenez." Le colonel en aurait déduit qu'il lui ordonnait de le tuer.QUATRE MISES EN EXAMENDeux des anciens subordonnés du colonel Burgaud ont également été mis en examen pour "homicide volontaire" et placés en détention provisoire. Ils auraient étouffé Firmin Mahé en lui plaçant un sac sur la tête dans le véhicule blindé. Le chauffeur du véhicule, un militaire du rang, a lui aussi été mis en examen pour "complicité d'homicide", mais il a été laissé en liberté.Général de corps d'armée, Henri Poncet a été suspendu de son commandement d'une des quatre régions militaires de France par le ministère de la défense le 17 octobre, juste après la révélation de l'affaire. La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, lui a ensuite infligé un blâme. Une mise en cause judiciaire d'un général quatre étoiles (général de corps d'armée) est un fait rarissime qui ne s'était pas produit depuis celle des quatre généraux du putsch d'Alger, alors à la retraite ou en disponibilité, en 1961.
