Découverte Le dentiste est né il y a 9 000 ansL'homme préhistorique aussi avait mal aux molaires. La brosse à dents n'avait pas été inventée, mais, surtout, nos ancêtres du néolithique, en développant l'agriculture céréalière, n'avaient pas imaginé que leur bouche n'y serait pas adaptée : d'une part, le nouveau régime alimentaire, plus riche en sucres, favorisait les caries et, d'autre part, les pierres utilisées pour moudre le grain laissaient des cristaux abrasifs dans la farine. D'où, comme l'explique Roberto Macchiarelli, professeur de paléontologie à l'université de Poitiers, "un terrible état de santé bucco-dentaire : des dents sans émail, des inflammations généralisées et un seuil de douleur largement au-dessus du nôtre..."D'où, aussi, la naissance du dentiste, attestée il y a 9 000 ans au Pakistan, comme le révèle une étude publiée, jeudi 6 avril, dans Nature. Dans la nécropole de Mehrgarh, des archéologues ont étudié près de 4 000 dents provenant de 225 sépultures et découvert 11 cas de perforations dentaires. Il ne s'agit pas d'un rituel post mortem, affirme Roberto Macchiarelli, coauteur de l'étude : "Nous sommes sûrs que les dents ont continué à servir longtemps après l'opération, car la marge des trous est bien émoussée."Mesurant entre 1,3 et 3,2 mm de diamètre, les perforations étaient probablement effectuées à l'aide de perçoirs à silex très fins actionnés par un archet et utilisés d'ordinaire pour forer les perles retrouvées en abondance sur le site. Les artisans de l'époque perçaient tout matériau, du coquillage à la turquoise, en passant par le lapis-lazuli et... l'os. Une chose est certaine, cela devait faire mal. Mais Roberto Macchiarelli n'exclut pas, loin de là, l'usage d'un analgésique lors de l'opération : "L'opium a toujours été très diffusé dans la région. Le pavot ne devait pas être inconnu d'une communauté qui avait domestiqué le coton..."
