Fait divers le débat sur le port d'arme des bobbies resurgit après le meurtre d'une policière Elle avait 38 ans, était policière depuis seulement neuf mois, et élevait cinq enfants, dont deux adoptés. Sharon Beshenivsky a été tuée par balles alors qu'elle intervenait sur le lieu d'un braquage, vendredi 18 novembre, à Bradford, dans le nord-est de l'Angleterre. L'émotion suscitée par ce meurtre a aussitôt fait resurgir le débat récurrent sur le port d'armes dans la police britannique. Comme l'immense majorité des "bobbies", la victime n'avait pour toute arme qu'une courte matraque et une paire de menottes. Alertée lors d'une patrouille, qu'elle effectuait en compagnie d'une collègue, elle-même sérieusement blessée, elle a été atteinte à la poitrine par un braqueur avant même de pénétrer dans l'agence de voyages, objet de l'attaque à main armée. Son gilet pare-balles ne l'a pas protégée. Sharon Beshenivsky est la sixième policière tuée en service en trente ans. Celles-ci représentent 21 % des effectifs. Rares sont les policiers britanniques armés : à Londres, un sur dix sait se servir d'une arme à feu, et à peine plus d'un sur vingt est autorisé à en faire usage. Au total, 6 000 policiers ont été entraînés à l'usage d'une arme. La plupart des policiers sont hostiles à la généralisation du port d'armes dans leurs rangs. Consultés il y a trois ans, 80 % d'entre eux s'étaient exprimés en ce sens. C'est aussi l'avis du gouvernement. "Il est important, souligne la secrétaire d'Etat à l'intérieur, Hazel Blears, que la police ait des relations très étroites avec la population. Porter des armes pourrait mettre en danger cette relation." Les autorités rappellent que les meurtres de policiers sont plus rares que dans les pays où ils sont armés : ils sont, en proportion, trois fois plus nombreux en France, et 40 fois aux Etats-Unis. Les délits et les crimes impliquant des armes à feu sont pourtant en hausse en Grande-Bretagne : ils ont plus que doublé depuis 1997. La Fédération de la police demande une augmentation sensible du nombre des agents armés, dans les zones les plus dangereuses. Dans un pays où leur détention est illégale, 300 000 armes à feu seraient en circulation. Le meurtrier d'un policier est passible de trente ans de détention au minimum. L'ancien chef de Scotland Yard, John Stevens, a souhaité, dimanche, que la peine de mort soit rétablie contre les assassins de policiers.