Exposition Le Danemark rend hommage à Gauguin Paul Gauguin, Nature morte avec pivoines, 1884, National Gallery of Art, Washington DC Le musée d'Ordrupgaard, au Danemark, présente jusqu'au 20 novembre une grande exposition sur Gauguin Après maintes commémorations pour le centenaire de sa mort, étalées de 2003 à 2004, le Danemark, où vivent de nombreux descendants de Paul Gauguin, lui rend à son tour hommage. L'exposition "Gauguin et l'impressionnisme" du musée d'Ordrupgaard, en banlieue nord de Copenhague, est la plus grande jamais dédiée à l'artiste français dans ce pays. Le musée d'Ordrupgaard, qui était fermé pour travaux, a rouvert pour l'occasion. Il possède la plus grande collection d'impressionnistes d'Europe du Nord. 70 peintures, sculptures et céramiques de la période danoise du peintre montreront l'évolution de l'artiste de l'impressionnisme vers le symbolisme. L'exposition  permettra aux amateurs de Gauguin de découvrir l'aspect danois de sa vie que le centenaire n'avait pas vraiment mis en lumière. Quelques oeuvres de cette période (1884-85) sont en effet exposées à Ordrupgaard. L'exposition retrace les années ou l'artiste, introduit auprès des impressionnistes par Camille Pissarro, a connu un bouleversement qui a jeté les bases de son travail futur. Il s'agit de l'époque où l'amateur devient professionnel, où le père de famille se transforme en personnage solitaire, à la recherche continuelle de la vérité artistique, morale et spirituelle. La série de commémorations avait commencé le 8 mai 2003, jour anniversaire de la mort de l'artiste dans le Pacifique, à Atuona sur l'île de Hiva Oa aux Marquises où il est enterré, avant de se poursuivre en France, notamment au Grand Palais à Paris avec la grande exposition  "l'Atelier des Tropiques", entièrement consacrée à l'époque tahitienne du peintre, sur la fin de vie. Entre septembre 2004 et janvier 2005, une vaste rétrospective sur Gauguin, avant sa période polynésienne, avait eu lieu au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. Publié le 05/09 à 15:28 Un buste de Gauguin décorait une maison L'attraction de l'exposition danoise sur Gauguin est un petit buste en cire, découvert par hasard chez un particulier. Bent Avnsoe avait reçu cette sculpture de sa grand-mère et la gardait sur une étagère du salon de sa maison d'Oelsted, petite ville au nord-ouest de Copenhague. Le buste portait bien l'inscription "P.Gauguin", mais le P est à peine lisible et son propriétaire n'y croyait pas. "Je n'ai jamais voulu le vendre, car je ne croyais pas qu'il était fait de la main de Paul Gauguin  mais de son fils, Jean", explique ce peintre en bâtiment de 55 ans. Il l'a quand même fait évaluer un jour. Plusieurs spécialistes sont convaincus que la sculpture, inconnue au catalogue de l'artiste, est bien une oeuvre de Paul Gauguin. Le buste en cire de 13,5 cm de haut, montré pour la première fois au public, "représente Jean-René, appelé communément Jean, le quatrième enfant de Gauguin,  né le 2 avril 1881, et qui a servi comme modèle alors qu'il était âgé de quelques semaines seulement", assure Anne-Birgitte Fonsmark, conservateur du musée d'Ordrupgaard, qui l'a acquis. "Selon moi, c'est Paul Gauguin  qui l'a fait. Il est inspiré de la 'Petite  danseuse de 14 ans' d'Edgar Degas, qu'il admirait, et qui l'avait encouragé ainsi que Pissaro sur la voie artistique", selon elle. Richard Brettell, expert de renom en impressionnisme français, responsable de la grande exposition sur Gauguin au Grand Palais de Paris en 1988-89, en est "convaincu" aussi, a-t-elle affirmé. La sombre période danoise de Gauguin L'exposition de Copenhague marque le souvenir et l'admiration posthume du Danemark pour le peintre, un pays qui ne lui laissa pourtant pas de bons souvenirs. Gauguin arrive à Copenhague en 1883, à 35 ans, en compagnie de son épouse danoise Mette Sofie Gad, 33 ans, rencontrée dix ans auparavant à Paris et avec laquelle il aura cinq enfants. Il n'aime ni l'hiver scandinave, ni la société danoise. Sa première exposition à Kunstforeningen (la société des arts danois) est un échec. "Ce serait une interprétation erronée de dire que Gauguin détestait le Danemark", estime cependant Pedro Maria Gauguin da Silva Fonseca, arrière arrière petit fils dano-portugais du peintre. "Mais il éprouvait le sentiment que les Danois le traitaient froidement, comme une sorte de Français sauvage, il avait l'impression qu'il n'était rien à leurs yeux. Ce ne fut pas une période très agréable pour lui, ce qui l'a amené à ne pas aimer ce pays." Et le descendant d'ajouter : "Il méprisait la société petite-bourgeoise danoise -les sales bourgeois comme il disait." Le séjour à Copenhague est de courte durée. Gauguin, qui a tenu un commerce de bâches tout en continuant à peindre, revient à Paris en 1884, laissant femme et enfants sur place. L'artiste reprochera par la suite à sa belle famille, avec qui il ne s'entendait guère, de l'avoir fait partir. Paul et Mette se séparerent mais ne divorceront jamais. Il la reverra une dernière fois en 1894 avant de mettre le cap définitivement sur Tahiti un an plus tard. La descendance de Gauguin se partage en deux branches, la branche européenne, principalement danoise, et la branche polynésienne. Le bottin téléphonique de Copenhague comporte une longue liste de personnes portant le nom de Gauguin. "Il y a environ 70 descendants en Europe, dont 50 au Danemark, et il y en a d'autres en Norvège, en Suède, en Grande Bretagne et au Portugal", indique Pedro Maria Gauguin, 28 ans, étudiant en droit. "Nous avons tous un attachement familial fort et un côté artiste."