Fait divers Le corps de la fillette retrouvé chez un habitant de la commune, qui a tenté de se tuer. Eyguières entre haine et chagrin après la mort de Madison Disparue dans la nuit de vendredi à samedi à Eyguières (Bouches-du-Rhône), Madison, 5 ans, a été retrouvée hier matin, morte, dissimulée dans un sac poubelle, dans les toilettes, au domicile d'un homme de 24 ans devenu le principal suspect. En milieu de matinée, hier, les gendarmes se présentent chez lui, route d'Aureille, à Eyguières. Il leur parle normalement. Les enquêteurs veulent sa clé de voiture. Il profite d'une fraction de seconde pour saisir un couteau et tenter de se trancher la gorge. Transporté à l'hôpital à Marseille, il a subi une opération chirurgicale au niveau de la trachée. Ses jours ne sont pas en danger. Mais les enquêteurs n'ont pu l'interroger. «On n'a pas pu déterminer les desseins qui étaient les siens», explique le procureur de la République de Tarascon, Antoine Paganelli. Autopsie. D'où le relatif flou où se trouvait l'enquête hier soir : «Cette personne paraît être impliquée, sans qu'on puisse préciser la nature et l'étendue de sa participation», affirme le procureur. Les causes du décès de l'enfant, elles, «ne sont pas connues avec certitude». Mystère : «Il n'y a pas de traces de coups par arme blanche, ni par arme à feu, seule une légère ecchymose qui ne permet pas de dire si ce choc a provoqué la mort.» Des traces d'agression sexuelle ? «On l'ignore», rapporte le procureur. Selon lui, d'après les constatations du médecin légiste, «le décès de Madison est survenu peu de temps après sa disparition». Une autopsie aura lieu ce matin à Marseille pour en savoir plus. Quant à la disparition de Madison, elle pourrait remonter à 1 h 30, samedi matin, selon un témoignage. Le suspect, qui serait ouvrier métallurgiste, connaît la mère de Madison. Il est venu plusieurs fois chez elle. «Il vit d'une manière retirée, ne sort pas beaucoup», indique le procureur. Deux autres personnes habitent cette maison : sa mère, qui était hier en garde à vue, et un frère d'âge scolaire. Devant la maison, un groupe de jeunes expliquait hier : «La famille de Madison a cherché dans ses connaissances, ça ne pouvait être qu'un familier, quelqu'un qui connaissait leur maison.» Eux sont venus faire le guet, dès samedi minuit, devant la maison du suspect, sans savoir que Madison s'y trouvait peut-être. Ils ne veulent pas dire qui les a orientés. «On nous a dit :"Faut que tu ailles là, que tu guettes."» Partout, depuis que la mère de Madison avait trouvé la chambre vide, samedi matin, et la porte arrière du domicile ouverte, c'était la mobilisation, les recherches. Appel au calme. Alors, hier, à 14 heures, à peine la nouvelle de la mort connue, la foule se rassemble devant la maison devenue maudite, et la haine éclate : «La peine de mort !» Il y a des femmes en pleurs, des hommes qui hurlent, s'énervent, veulent se battre. Le maire, Joël Sylvestre, tente de les calmer. On l'interrompt : «La peine de mort, où elle est, messieurs les politiciens ?» Un type gueule : «La justice ! Il faut secouer un peu la justice !» Un autre se désespère : «Le Français est passif. Le Français ne fait rien. Le Français est une nouille.» Partout, dans la commune de 5 000 habitants, les voitures portent encore le portrait de Madison, inutile désormais. Au tennis club qui a servi de PC des recherches, le maire explique aux habitants : «A 11 heures, on a trouvé le corps sans vie de Madison. Voilà. Il faut qu'on pense à sa soeur, à son frère, à son papa, à sa maman. Je vous demande : pas de gestes déplacés. C'est une tragédie. Eyguières est triste. Eyguières est en deuil. Surtout, pas d'actes qui pourraient dégénérer.» Le responsable de la gendarmerie ajoute : «Restez digne. La tension est lourde, la tristesse pesante. Restez exemplaires, comme vous l'avez été.» «Du temps». Dans la foule hébétée, il y a des gens prostrés, abattus. Des regards vides. Une dame explique : «C'est un petit village. Tout le monde se sent concerné. Il faut laisser aux gens le temps de vider leur chagrin. Ils sont épuisés. Ils ont fait des kilomètres de battues.» Pour rien. «Tout le monde est atterré, explique un homme. On espérait qu'elle était juste enlevée».