Annonce Le Conseil supérieur de l'audiovisuel ouvre le chantier de la radio numériqueLe numérique est la nouvelle frontière que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) veut conquérir. Après avoir prôné la mise en oeuvre de la télévision numérique terrestre (TNT), lancée le 31 mars, le CSA focalise son attention sur la radio. L'instance de régulation de l'audiovisuel a lancé, le 20 avril, une consultation publique en prélude à la mise en oeuvre de la numérisation de la radio. Cette première étape doit s'achever le 30 juin, selon Marie-Laure Denis, membre du CSA en charge du dossier de la radio numérique. "Le premier but de cette consultation, dit-elle, est de vérifier que les acteurs de la radio veulent se lancer" dans l'aventure.Le numérique version radio s'annonce plus compliqué que son pendant télévisé. Quand la TNT utilise deux technologies de compression des données baptisées Mpeg2 et Mpeg4 , la radio voit cohabiter quatre, voire cinq normes numériques différentes. DRM, I-Boc, DAB ou DMB, DVB H ou encore DVB T seront en effet les sigles vedettes de la radio du futur. Mais qu'il s'agisse de TV ou de radio, les avantages seront les mêmes. Avec le numérique, les possibilités de diffusion sont démultipliées et le son atteint la qualité du CD. Inconvénient : comme pour la TNT, il faudra aussi que les auditeurs intéressés s'équipent d'un récepteur-décodeur.Maître d'oeuvre de la radio numérique, "le CSA attend d'abord une amélioration du son, la multiplication accompagnée d'une diversification de l'offre" , explique Marie-Laure Denis. Autre objectif, la fameuse radio "enrichie" . Ce saut technologique devrait permettre l'écoute en différé, et surtout la diffusion de données associées. Les radios musicales pourront, par exemple, diffuser en même temps une chanson ainsi que le titre du morceau et son interprète. Ces renseignements s'afficheront sur les écrans des récepteurs.Le CSA veut aller vite. Le lancement pourrait intervenir en 2006. L'instance de régulation a identifié "quatre voies possibles" pour le développement de la radio numérique. Quatre technologies qui pourraient être "complémentaires" .La première est celle du DRM (Digital Radio Mondiale). Elle intéresse principalement les radios généralistes. Les stations "historiques" , comme France-Inter, RTL, Europe 1, Sud Radio ou encore RMC Info, émettent depuis leur création sur les grandes ondes, les ondes moyennes ou les ondes courtes. Le DRM pourrait donner "un coup de jeune à ces fréquences un peu oubliées" au profit de la FM, estime Alain Weil PDG de Nextradio, opérateur de RMC info. Grâce au DRM, grandes ondes, ondes moyennes et ondes courtes vont bénéficier d'une qualité de son équivalente à celle de la FM, mais avec une couverture beaucoup plus large. Comme "la loi prévoit déjà" la mise en oeuvre du DRM, explique M. Weill, RMC Info a prévu "son démarrage numérique en DRM en 2005" .Outre le DRM, le DAB (Digital Audio Broadcasting) veut aussi être une des normes de référence de la radio numérique. Faute de récepteurs ad hoc bon marché, cette technique n'a pu s'implanter en France, ce qui ne l'a pas empêchée de s'imposer dans d'autres pays européens. En Grande-Bretagne, 1,2 million de ces récepteurs ont déjà été commercialisés. Et, cette année, un tiers des récepteurs radio qui ont été vendus outre-Manche sont des postes DAB.En France, le DAB ou plutôt le DMB, une de ces évolutions plus axées sur la diffusion de données multimédias a les faveurs de Radio France. Une offre commerciale de radio en DMB a été lancée en Corée, le 1er mai. Car c'est l'Asie, et surtout la Chine, qui pourraient donner le véritable coup d'envoi de la radio numérique. Comme les Jeux olympiques de 2008 auront lieu à Pékin, la Chine, qui a opté pour la diffusion numérique, prévoit de fabriquer des millions de récepteurs à bas prix...SATELLITE ET TÉLÉPHONEA l'instar de la télévision, la radio numérique pourrait combiner tous les vecteurs de diffusion. Et notamment le satellite, comme c'est le cas aux Etats-Unis. Deux bouquets satellitaires, Sirius et XM, proposent chacun une offre de 140 à 160 radios thématiques sans publicité.Elles sont commercialisées par abonnement au tarif de 10 à 13 dollars par mois. Ces deux bouquets sont relayés par un réseau de réémetteurs hertziens, qui leur permettent d'être captés par les autoradios. Le téléphone portables promettent aussi d'être des vecteurs de la radio numérique. Sous forme de flux continu mais aussi d'achat à la demande de contenus personnalisés.Reste que seule RMC Info a annoncé à ce jour son engagement en faveur du numérique. Les autres radios généralistes n'ont pas encore fixé les contours de leur avenir numérique. "Nous ne sommes pas prêts, déclarent Europe 1 et RTL. Notre réflexion est en cours." Radio France ne dévoile pas ses intentions, mais on y affirme "déjà préparer les contenus" des futures radios numériques. Pour le service public, c'est en partie une réalité. Radio France émet en DAB (Digital Audio Broadcasting) en Ile-de-France depuis plusieurs années. NRJ se veut "très volontaire" vis-à-vis de la radio numérique, affirme son PDG, Jean-Paul Baudecroux. Il estime que "les opérateurs existants devraient bénéficier d'un simulcast (diffusion simultanée en analogique et en numérique) et devraient se voir attribuer des fréquences pour diffuser des programmes thématiques" .Comme la TNT, la radio numérique pourrait susciter des vocations. Notamment parce que "les coûts de diffusion sont marginaux" , estime M. Weill. M. Baudecroux refuse "une atomisation des opérateurs" . Il rappelle que "la France est le pays qui compte le plus grand nombre de radios par habitant, davantage qu'aux USA" . Et l'un des principaux enjeux de la radio numérique est justement la constitution de bouquet de programmes thématiques. Les opérateurs ont tous des projets dans leurs cartons.Mais ne serait-ce pas trop tard ? La radio numérique est une réalité pour les six millions de foyers abonnés à l'Internet haut débit qui ont déjà accès, via le Web, à des milliers de radios, y compris des thématiques.
