Scandale Le chef du PCC de Shanghaï chute sur un scandale financierLe couperet est tombé à Shanghaï, lundi 25 septembre au matin : une dépêche de l'agence Chine nouvelle (Xinhua) a annoncé le limogeage de Chen Liangyu, chef du Parti communiste chinois (PCC) à Shanghaï depuis 2002 et homme fort de la ville, à la suite d'un scandale de détournement de fonds dans les caisses de retraite de la ville.Depuis des semaines, la capitale économique du pays bruit des rumeurs d'une purge : Chen Liangyu, qui est membre du bureau politique du PCC, fait partie de la "clique de Shanghaï", c'est-à-dire la faction des affidés de l'ancien président Jiang Zemin, dont la métropole du Sud-Est fut le fief.La dépêche de Xinhua ne mâche pas ses mots : Chen Liangyu est accusé d'avoir "protégé des gens autour de lui qui avaient sérieusement violé la discipline (du parti) et la loi", et d'avoir "usé de sa position pour obtenir des bénéfices indus pour ses proches".L'affaire des fonds de pension, qui a éclaté au mois d'août, a vu s'installer à Shanghaï, dans le château d'un banquier anglais des années 1930 converti en hôtel, une centaine d'inspecteurs de la commission disciplinaire centrale du parti. Elle lève un coin du voile sur les coulisses du boom immobilier qui a transformé la capitale économique chinoise et permis à certains entrepreneurs proches du pouvoir local de bâtir des fortunes.PRÈS DE 3,2 MILLIARDS DE YUANSLes motivations politiques de la purge n'échappent à personne : depuis près de deux décennies, Shanghaï a miraculeusement échappé aux grands scandales de corruption qui ont touché les autres provinces et cette immunité entachait la mission d'"harmonie sociale" et de chasse à la corruption dont se prévaut le numéro un chinois, Hu Jintao. Surtout, il s'agit pour ce dernier d'avoir les mains libres lors du 17e congrès du PCC, en octobre 2007, en mettant au pas une faction rivale.Selon la presse officielle, les enquêteurs ont déjà interrogé Zhu Junyi, le directeur du bureau municipal du travail et des affaires sociales de Shanghaï, ainsi que le milliardaire Zhang Rongkun, président de Fuxi Investment, l'opérateur de l'autoroute Hangzhou-Shanghaï, financée par l'argent des retraites, mais surtout Qin Yu, chef du district de Baoshan à Shanghaï, et longtemps secrétaire de Chen Liangyu.Si le détournement porte sur près de 3,2 milliards de yuans (environ 320 millions d'euros), soit près du tiers des actifs du fonds de pension, l'hebdomadaire d'investigation économique Caijing vient de raconter comment, tout au long des années 1990, l'argent des retraites de Shanghaï, confié à la Pudong Development Bank, a financé, "sous les ordres de dirigeants hauts placés qui restent à identifier", plusieurs grands projets immobiliers de prestige, dont les "comptes révèlent un état choquant de désordre (comptable) et d'illégalité".Au moins un de ces projets a conduit à un fiasco. La revue dénonce le fait que le bureau municipal du travail et des affaires sociales est à la fois administrateur et gérant des fonds de pension. Si le système de Sécurité sociale est, à Shanghaï, l'un des plus modernes de Chine, il souffre, comme ailleurs dans le pays, d'une grave sous-capitalisation. En juillet, un rapport de la Banque mondiale se penchait sur l'immense défi, pour la Chine, de créer à temps un système de gestion des retraites capable d'encaisser le contrecoup démographique de l'enfant unique.
