Accord Le chef d'Al-Qaida en Arabie saoudite a été tué après l'attentat raté contre un site pétrolierLe ministère saoudien de l'intérieur a annoncé, mardi 28 février, que le chef de la branche saoudienne d'Al-Qaida, Fadh Ben Faraj Ben Mohammed Al-Joweir, avait été tué lors de la fusillade qui a opposé, lundi, un groupe de cinq hommes aux forces de l'ordre dans les faubourgs de Riyad. Ils étaient soupçonnés d'avoir participé à l'attentat manqué du 24 février contre le site pétrolier d'Abqaiq (Est), au cours duquel deux assaillants et deux membres des services de sécurité avaient été tués.Cette tentative d'attentat a causé beaucoup d'émoi dans le pays puisque, pour la première fois, des terroristes ont tenté de s'attaquer à des installations pétrolières. Le complexe d'Abqaiq est considéré comme le plus grand du monde et fournit 10 % de la production mondiale et 70 % du brut saoudien. Ce qui a immédiatement provoqué des tensions sur les marchés pétroliers et une chute brutale des cours de la Bourse de Riyad.Cette attaque a été revendiquée par "Al-Qaida dans la péninsule arabique", nom de la branche saoudienne de l'organisation d'Oussama Ben Laden, qui a promis d'"arrêter le pillage des richesses et de nettoyer la péninsule de la présence des infidèles". Il s'agit de l'attaque la plus importante depuis l'attentat contre le consulat américain de Djedda en décembre 2004. Dix jours plus tard, Oussama Ben Laden avait appelé ses troupes à s'en prendre aux installations pétrolières du premier exportateur mondial.Selon le ministère de l'intérieur, Al-Joweir, 36 ans, un vétéran d'Afghanistan, avait pris "la responsabilité des cellules criminelles de la minorité des égarés (les terroristes)" après la liquidation des anciens chefs de la branche saoudienne d'Al-Qaida. Auparavant, le dernier chef fut Saleh Al-Oufi, tué en août 2005. Il avait succédé à Abdel Aziz Al-Mouqrin, tué en juin 2004. Pour Riyad, il s'agit d'un nouveau coup dur porté à Al-Qaida, qui ne cesse de reprocher au pouvoir sa collusion avec les Américains.Depuis le premier attentat commis contre un complexe résidentiel occupé par des étrangers à Riyad, en mai 2003, au total, selon des chiffres officiels, le terrorisme a causé la mort de 274 personnes (90 civils, 54 agents de la sécurité et 130 djihadistes). Ce qui signifie que, depuis son apparition dans la péninsule, la lutte est sérieuse, même si, selon les analystes, les capacités d'action d'Al-Qaida ont été amoindries après les coups portés par la police. Avec, quelquefois, des dérapages, comme lors de l'opération de lundi quand les forces de police ont tiré sur une camionnette jugée suspecte. Trois des occupants, des civils philippins, ont été tués, et trois blessés.La menace demeure donc. "Elle se renouvelle et peut changer de forme", reconnaît un journaliste spécialiste d'Al-Qaida, Farès Ben Hizam, qui fait remarquer que "cette opération était vouée à l'échec car les installations pétrolières sont mieux protégées que le palais royal. Les kamikazes ont été stoppés au premier barrage, et il y en avait sept. Cette action est donc symbolique et vise à déstabiliser les marchés pétroliers. Depuis la mort d'Al-Mouqrin, l'organisation a éclaté en petites unités et n'est plus constituée par des experts, mais par des gens qui ont une formation sommaire, sans l'expérience de la guerre en Afghanistan. En plus, ils choisissent des objectifs impossibles à atteindre, ce qui fait que leurs actions sont purement symboliques. Ce sont des amateurs dont l'objectif est de créer une tension." Ali Al-Nouaïmi, le ministre du pétrole, s'est empressé de déclarer que la production n'avait en rien été affectée.Selon M. Ben Hizam, il ne faut pas pour autant négliger la capacité de nuire d'Al-Qaida car, selon lui, il y aurait 2 500 Saoudiens combattant en Irak. Pour certains, ils reviendront d'Irak après avoir été formés par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le Jordanien qui commande la branche irakienne d'Al-Qaida et dont les méthodes sont, dit-il, "beaucoup plus dangereuses".
