Annonce Le "cerveau" de Bush dans la tourmente Karl Rove, le principal conseiller du président américain, est soupçonné d'être à l'origine de la fuite ayant abouti à la divulgation de l'identité d'une espionne de la CIA. Alors que les appels à sa démission se multiplient, George W. Bush lui apporte son soutien. L'"Affaire Plame" va-t-elle se transformer en "Rovegate" pour la Maison Blanche ? George W. Bush n'en est pas encore là, mais sa position est délicate. L'année dernière, alors que l'affaire était loin d'avoir pris sa proportion actuelle, il avait clairement indiqué qu'il congédierait toute personne à l'origine de la révélation de l'identité de Valerie Plame, une espionne de la CIA. Son nom aurait en fait été dévoilé en représailles contre son mari, Joseph Wilson. En 2002, cet ancien ambassadeur avait été chargé par la CIA de se rendre au Niger pour enquêter sur un éventuel trafic nucléaire avec Saddam Hussein. Il était revenu bredouille. Le 6 juillet 2003, dans une tribune au New York Times, il avait accusé le gouvernement d'avoir manipulé les informations "pour exagérer la menace irakienne". Huit jours plus tard, l'éditorialiste conservateur Robert Novak avait minimisé les accusations, laissant entendre en citant "deux hauts responsables anonymes de l'administration" qu'il n'avait dû sa mission au Niger qu'à l'intervention de sa femme, agent de la CIA - dévoilant au passage l'identité de Valerie Plame. Les démocrates à l'attaque Une enquête criminelle est en cours depuis –révéler l'identité d'un agent de la CIA est un crime aux Etats-Unis-. Elle a rebondi la semaine dernière avec l'emprisonnement d'une journaliste du New York Times, Judith Miller, qui a enquêté sur le sujet mais a refusé de dévoiler ses sources à la justice. De son côté, Matthew Cooper, qui avait également évoqué le couple Wilson-Plame dans Time Magazine, a finalement accepté de témoigner sur l'origine de sa source. Richard Novak n'a quant à lui jamais indiqué s'il avait collaboré ou non à l'enquête et s'il avait révélé ses sources. Mais, selon des rumeurs persistantes à Washington, il se pourrait donc que l'un des "hauts responsables de l'administration" soit tout simplement Karl Rove, le principal conseiller du locataire du Bureau Ovale, au point d'être surnommé le "cerveau de Bush". Dans son édition de lundi, Newsweek se montrait encore plus catégorique et affirmait que Karl Rove était bel et bien à l'origine de la fuite. Depuis, les appels à la démission se multiplient. "Abus de pouvoir" lancent notamment Joseph Wilson et le camp démocrate. Karl Rove, par la voix de son avocat, a fait savoir qu'il n'avait rien à se reprocher et qu'il n'était pas visé par l'enquête, à laquelle il coopère. Rove-Bush, duo tout sourire Plutôt timide au début, le soutien de George W. Bush est désormais très appuyé. Mercredi, il a appelé les Américains à ne pas préjuger de la culpabilité de son conseiller et leur a demandé de faire preuve de patience tant que l'enquête n'est pas terminée. Jeudi, pour prouver sa loyauté, il s'est laissé filmer marchant avec Karl Rove en riant, souriant et gesticulant sur les pelouses de la Maison Blanche avant de monter dans "Marine One", l'hélicoptère présidentiel. D'ordinaire il est filmé seul lors de sa montée dans l'appareil. Presque au même moment, une centaine de personnes manifestaient devant la Maison Blanche à l'appel du mouvement progressiste MoveOn.org pour réclamer la démission de Karl Rove.