Anniversaire Le Cern, plus grand laboratoire de physique nucléaire du monde, fête ses 50 ans GENEVE (AFP) - L'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), qui fête mercredi son cinquantième anniversaire, cherche à déchiffrer les origines de l'univers, tout en changeant la vie quotidienne de millions de gens avec des inventions comme le World Wide Web. Depuis sa création le 29 septembre 1954, le plus grand laboratoire du monde pour la physique des particules et ses 2.500 employés s'efforcent de percer les mystères du "big bang" et de l'antimatière. Etabli près de Genève sur la frontière franco-suisse, le Cern illustrera symboliquement cette recherche mercredi en illuminant un cercle de 27 km de long, sur le tracé d'un tunnel de même longueur qui serpente à 100 m sous terre des deux côtés de la frontière. Dans cette galerie, le Cern tente de recréer les conditions du "big bang" grâce à un Grand collisionneur de hadrons qui a coûté près de 2,27 milliards d'euros. Ce projet phare du Cern, qui sera achevé en 2007, remplace l'accélérateur de particules LEP qui occupait ce tube de 4,4 m de large depuis 1989. A l'intérieur, grâce à des aimants géants d'une puissance inégalée, les particules entreront en collision à une vitesse proche de celle de la lumière, permettant aux scientifiques d'ouvrir une fenêtre sur les premiers instants de l'univers. Les savants espèrent à l'occasion de la désintégration d'un proton découvrir le "boson de Higgs" une particule dont ils soupçonnent l'existence sans avoir jamais pu la prouver. Cette particule, qui porte le nom du savant écossais Peter Higgs, permettrait d'expliquer pourquoi toutes les autres particules de l'univers ont une masse et pourquoi leur masse diffère. Ces recherches fondamentales ont peu d'impact sur la vie quotidienne des terriens, mais les équipement mis au point pour le Cern peuvent parfois servir dans d'autres domaines. "Nous inventons des outils qui peuvent être transmis au monde extérieur, à l'industrie, au bénéfice de tous", observe le physicien français Robert Aymar, directeur-général du Cern. Ainsi un de ses chercheurs, le Britannique Tim Berners-Lee, a mis au point le world wide web afin de simplifier la communication entre les chercheurs de l'établissement. Le Cern est également à l'origine de scanners médicaux utilisés dans le diagnostic du cancer ainsi que de techniques utilisées pour produire des microprocesseurs. Financé sur fonds publics, le Cern diffuse gratuitement ses découvertes qui ont valu des prix Nobel à ses chercheurs. Créé à l'origine par 12 Etats européens, il en rassemble aujourd'hui 20, mais il est en relation avec 7.000 chercheurs répartis dans 85 pays. Il continue ainsi à servir de pont entre savants du monde entier. Durant la guerre froide, le laboratoire géant était l'un des rares lieux de collaboration entre chercheurs soviétiques et américains. Aujourd'hui, Américains et Iraniens travaillent ensemble sur la physique atomique en dépit du contentieux nucléaire entre les deux pays, à côté de physiciens indiens et pakistanais, ou encore chinois et taïwanais. "Les savants tolèrent mieux les différences politiques ou religieuses", observe M. Aymar, qui voit dans la science "un langage universel". "Nous sommes prêts à accueillir tout pays dont la communauté scientifique souhaite participer à notre travail".