Mort du cardinal Jaime Sin
Mort Le cardinal Jaime Sin, ancien archevêque de Manille, est mort, mardi 21 juin, des suites d'une longue maladie. Il était âgé de 76 ans.Personnage plein d'humour, conservateur, le cardinal Sin a eu, pendant des décennies, une influence politique considérable dans un archipel qui compte plus de 80 % de chrétiens et où l'Eglise catholique est puissante.Né le 31 août 1928 sur l'île de Panay, dans le centre des Philippines, Jaime Sin était le quatorzième des seize enfants d'un commerçant chinois qui s'était marié sur place. Ordonné prêtre en 1954, il reste pendant vingt ans dans sa région natale, avant d'être nommé, en 1974, archevêque de Manille et de devenir cardinal deux années plus tard.Jusqu'à sa démission, pour raisons de santé, en novembre 2003, le cardinal Jaime Sin est à la fois l'infatigable défenseur des réformes politiques et l'adversaire déterminé de toute planification familiale. Il est le premier à dénoncer avec vigueur la dictature de Ferdinand et Imelda Marcos, au pouvoir de 1965 à 1986.Quand le principal opposant, Benigno Aquino, est assassiné en 1983, à son retour d'exil, Sin persuade la veuve de celui-ci, Cory Aquino, la"dame en jaune" , de prendre la relève. L'objectif de Sin est double : se débarrasser des Marcos, qui ont ruiné l'archipel, et empêcher les militaires, qui fomentent un coup en 1986, de s'installer au pouvoir.IL N'ÉTAIT PAS UN RADICALLa manoeuvre réussit : un mouvement populaire, encouragé par l'Eglise catholique, accompagne le renversement des Marcos par les militaires. La présidence de Cory Aquino (1986-1992) marque le retour au pouvoir des"deux cents familles" qui dominent la scène philippine depuis un siècle.Sin n'était pas un radical. Son hostilité aux Marcos était également liée à la peur de voir une insurrection communiste exploiter la faillite de l'Etat. Pour des raisons identiques, il s'est inquiété de l'incapacité de Cory Aquino, qui surmonte plusieurs tentatives de putsch, à enrayer la corruption.Le cardinal Sin a entretenu des relations difficiles avec le président suivant, Fidel Ramos (1996-2002), parce que ce dernier, un protestant, a tenté de promouvoir un contrôle des naissances dans un pays qui compte une bonne moitié de pauvres et où le taux d'expansion démographique est élevé.Jaime Sin, dont la petite silhouette est omniprésente, sera plus tard l'une des figures de la campagne qui mettra prématurément fin au mandat de Joseph Estrada, un président populiste, peu compétent et accusé de corruption. En 2001, il offrira sa bénédiction au remplacement de cet ancien acteur, dans des circonstances controversées, par Gloria Macapagal Arroyo, qui gouvernera pendant trois ans avant d'obtenir avec difficulté, en 2004, un mandat populaire de six ans.Souffrant du diabète et d'insuffisance rénale, Jaime Sin avait réduit ses apparitions publiques ces dernières années. Mais son influence demeurait importante, y compris auprès de la présidente Arroyo.