Grève Le Bade-Wurtemberg paralysé par une grève illimitée des fonctionnaires Travailler une heure et demie supplémentaire chaque semaine, sans augmentation de salaire : en Allemagne, dans le Land du Bade-Wurtemberg (près de la frontière française), l'accord sur les salaires des fonctionnaires ne passe pas. La quasi-totalité des services publics sont touchés par une grève illimitée, la première depuis plus de quatorze ans. Elle a commencée, lundi 6 février, par une manifestation de plus de 10 000 personnes, contre l'allongement du temps de travail de 38 h 30 à 40 heures par semaine sans compensation financière et contre la réduction des primes de fin d'année et de vacances. Depuis lundi, les hôpitaux et cliniques, les crèches, les administrations, les piscines ou encore le ramassage des ordures fonctionnent au ralenti, voire pas du tout, notamment à Mannheim, Stuttgart, Karlsruhe et Fribourg. D'après le syndicat Verdi, l'un des plus importants d'Europe, une centaine d'opérations chirurgicales prévues dans les hôpitaux de Stuttgart, la capitale du Land, n'ont pu avoir lieu, mais les services d'urgence fonctionnent normalement. Les transports en commun, qui disposent de leurs propres accords salariaux, ne sont pas en revanche affectés par le mouvement de grève. "La question n'est pas simplement de savoir si les fonctionnaires devraient travailler 18 minutes de plus par jour", a expliqué Ralf Berchtold, responsable du syndicat pour le Bade-Wurtemberg dans une interview au Financial Times. "C'est surtout de savoir ce qu'il va advenir des 60 000 emplois qui seront menacés si les collectivités locales obtiennent la semaine de 40 heures." "D'un côté, nous avons cinq millions de chômeurs [dans toute l'Allemagne], et de l'autre, les employeurs veulent prolonger unilatéralement le temps de travail pour les nouvelles embauches", ce qui fait gonfler le chômage, a affirmé le président de Verdi, Frank Bsirske. 95 % des 200 000 membres du syndicat, qui représente 2,4 millions de salariés, avaient voté la grève la semaine dernière. POSSIBLE EXTENSION DU CONFLIT Thomas Böhle, qui dirige l'association des employeurs du service public, a qualifié le mouvement de "contreproductif" et expliqué que les collectivités locales devaient "réduire leurs frais. Nous sommes obligés de réaliser des économies à tous les niveaux." Le mouvement pourrait s'étendre à d'autres régions : les employés dans six autres Länders (Bavière, Basse-Saxe, Schleswig-Holstein, Rhénanie du Nord-Westphalie, Sarre et Saxe) doivent voter cette semaine pour décider d'un éventuel mouvement de grève, à partir du lundi 13 février. Les fonctionnaires pourraient également être rejoints par IG Metall, le géant syndical de l'industrie allemande, qui représente 3,4 millions de travailleurs, et débute mercredi des négociations salariales avec le patronat. IG Metall demande une augmentation de 5 %, alors que le patronat propose une hausse de 1,2 %. Alors que les hausses de salaires en Allemagne étaient inférieures à l'inflation ces dernières années, les syndicats s'inquiètent d'une augmentation de la TVA prévue en 2007. Les négociations pourraient durer plusieurs semaines.