Anniversaire Le 60e sommet de l'ONU s'ouvre sur un accord a minimaAprès trois semaines de bras de fer diplomatique, la communauté internationale a fini par trouver, mardi, un accord de compromis qui revoit fortement à la baisse les objectifs de réforme de l'ONU et d'aide au développement. Ce texte a été approuvé à la quasi-unanimité par l'Assemblée générale de l'ONU, à quelques heures du sommet mondial à New York, pour le 60e anniversaire de l'organisation. Seules deux délégations, Cuba et le Venezuela, ont exprimé leur désaccord, essentiellement sur des questions de forme.Ce document final de 35 pages sera adopté par les dirigeants mondiaux membres de l'ONU, venus participer à ce sommet de trois jours. Si très peu des 191 pays-membres devraient en être complètement satisfaits, peu s'annoncent totalement mécontents.Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a parlé d'un "succès" et d'un "bon document, qui peut (...) servir de base pour poursuivre [les] efforts", même s'il a reconnu : "Nous aurions tous aimé obtenir davantage." Comme lui, Dominique de Villepin, qui représente la France, a parlé d'un "pas en avant". Quant au sous-secrétaire d'Etat américain, Nicholas Burns, il a estimé que "ce n'est pas la fin des efforts de réforme. C'est en fait le début d'un effort permanent qui doit être mené à l'ONU". M. Annan a déploré l'échec des Etats membres à s'entendre sur l'une des grandes questions du moment, le désarmement et la non-prolifération, thème qui n'apparaît même pas dans le texte. "C'est une honte", a-t-il lancé, relevant que c'était la seconde fois cette année, puisqu'une conférence d'un mois sur le même sujet avait tourné au fiasco en mai. Au moment où les desseins nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord suscitent l'inquiétude, le secrétaire général a appelé les dirigeants à "s'emparer du problème et faire preuve d'autorité" sur ce sujet. ÉCHEC À DÉFINIR LE TERRORISMELe document est également très en deçà des propositions de M. Annan sur d'autres points-clés, comme les droits de l'homme et le terrorisme. Ainsi, le texte proclame la volonté des Etats de créer un conseil des droits de l'homme pour remplacer l'actuelle commission, discréditée. Mais les Occidentaux n'ont pas pu imposer leurs vues sur des questions sensibles – mandat, fonctions, taille, composition et méthode de travail –, et c'est le nouveau président de l'Assemblée générale, le Suédois Jan Eliasson, qui devra conduire les négociations sur ces points dans les douze mois qui viennent. Les organisations de défense des droits fondamentaux Human Rights Watch et Amnesty International ont d'ores et déjà déploré qu'autant de questions restent en suspens.Le terrorisme est condamné "sous toutes ses formes" mais n'est jamais défini, les Etats n'ayant pu s'entendre sur la formulation minimale proposée : "Tuer des civils pour des buts politiques est du terrorisme." Il s'agit d'un compromis avec les pays islamistes, qui ont, eux, renoncé à évoquer les guerres de libération. En revanche, le document établit la volonté des membres de créer une commission de consolidation de la paix, nouvel organe de l'ONU destiné à éviter que des pays sortant d'un conflit retombent dans la violence faute d'une aide internationale adéquate. Le texte indique que cette commission, qui fera un rapport annuel à l'Assemblée générale, doit être opérationnelle d'ici au 31 décembre. Mais sa composition et sa tutelle, objet de désaccords jusqu'au dernier moment, ne sont pas précisées. L'ÉLARGISSEMENT DU CONSEIL DIFFÉRÉ Le texte affirme que chaque Etat a la responsabilité de protéger ses propres populations contre les génocides, crimes de guerre ou contre l'humanité et nettoyages ethniques. Il proclame la volonté de la communauté internationale d'agir, par l'intermédiaire du Conseil de sécurité, y compris par la force et au cas par cas, si les moyens diplomatiques ont échoué et si un Etat est "manifestement incapable" de protéger ses populations. C'est donc l'instauration d'un devoir d'ingérence. Concernant la réforme de l'administration de l'ONU, les pays membres, faute d'avoir tous accepté que la sélection se fasse selon la compétence plutôt que l'origine, se bornent à demander au secrétaire général de faire des propositions à l'Assemblée générale sur des moyens lui permettant de s'acquitter de sa tâche plus efficacement. Quant à l'élargissement du Conseil de sécurité, il est différé : c'est l'Assemblée générale qui devra apprécier les progrès sur toute réforme d'ici à la fin de l'année.Le texte reste vague encore sur la levée des barrières commerciales, ce que critique le Venezuela.Sur le développement, le document réaffirme les principaux engagements pris lors de précédents sommets de l'ONU, notamment les Objectifs de développement du Millénaire, qui visaient principalement à réduire la grande pauvreté d'ici à 2015. Il demande à nouveau aux pays en développement d'améliorer leur gouvernance en échange d'aide financière ou de réduction de leur dette.
