Annonce Le 5 mai 1664, le jeune roi Louis XIV (25 ans) accueille à Versailles 600 invités qui viennent assister aux somptueuses fêtes des «Plaisirs de l'Île enchantée». Celles-ci vont se dérouler du 7 au 13 mai dans le parc aménagé avec magnificence par le jardinier André Le Nôtre autour de plusieurs pièces d'eau. Les courtisans découvrent ainsi le site sur lequel le roi nourrit le dessein d'installer un nouveau château, en complément de son palais parisien des Tuileries. Pour l'heure, à l'entrée du parc, subsiste le pavillon de chasse de briques et de pierres construit par l'ancien roi Louis XIII. L'architecte Le Vau s'apprête à l'agrandir et ce n'est qu'à l'été 1682 que le roi et sa cour s'installeront à titre définitif dans le nouveau palais, que l'on peut encore visiter aujourd'hui.Une fête éblouissante Les «Plaisirs de l'Île enchantée» sont officiellement destinés à honorer les deux reines, la reine mère Anne d'Autriche et la modeste Marie-Thérèse, épouse du roi. Mais la véritable vedette en est Mademoiselle Louise de La Vallière (20 ans) maîtresse aimante du roi, légèrement boîteuse et que l'on dit plus gracieuse que belle. Elle fait à cette occasion sa première entrée publique à la cour. Les fêtes débutent par un défilé équestre auquel participent de jeunes nobles, y compris d'Artagnan, et le roi lui-même, costumé en chevalier Roger, un personnage mythique. Suit une course de bague, les courtisans essayant d'attrapper un anneau au bout de leur lance, puis le souper, sur une musique de Lully. Le lendemain, la cour assiste à La Princesse d'Élide, une comédie-ballet de Lully et Molière, les «deux Baptistes», et le surlendemain à un nouveau ballet assorti d'un feu d'artifice sur la pièce d'eau. Le 10 mai a lieu un tournoi équestre remporté par le roi et le lendemain une reprise des Fâcheux, comédie-ballet donnée pour la première fois à Vaux-le-Vicomte. Les réjouissances sont quelque peu troublées par l'affaire Tartuffe. La pièce que Molière présente le 12 mai a l'heur de scandaliser en effet les dévots groupés autour de la reine mère et le roi fait suspendre la représentation. Malgré cet incident, les «Plaisirs de l'Île enchantée» laisseront un délicieux souvenir aux invités et seront suivies d'autres fêtes toutes aussi somptueuses. Objectif de séductionCes grandes fêtes qui agrémentent ainsi les débuts du règne du Roi-Soleil sont inspirées par l'exemple donné par le malheureux Fouquet et le roi, fin danseur, ne dédaigne pas de s'y donner lui-même en spectacle. Elles ont pour objectif de mettre en scène la toute-puissance de la monarchie française, ainsi que Louis XIV l'expliquera à son fils, le Grand Dauphin, dans ses Mémoires. Aujourd'hui encore, leur somptuosité tend à nous faire oublier l'autre facette du Grand Siècle : débauche, vulgarité et arrogance des grands seigneurs de la cour. Carrousel De premières fêtes très remarquées ont été organisées par le roi Louis XIV le 5 juin 1662 dans le jardin des Tuileries, son palais parisien. C'était peu après la mort du Premier ministre Mazarin et la décision du roi d'assumer en personne la direction du gouvernement. Ce jour-là, plusieurs milliers de spectateurs ont pu contempler les savantes évolutions de cinq quadrilles... d'où le nom de «Carrousel» qui est resté à cet endroit (le carrousel désigne un spectacle équestre). Le Carrousel s'orne aujourd'hui d'un bel arc de triomphe qui rappelle les victoires de Napoléon 1er et fait pendant à l'arc de triomphe de l'Étoile.
