Anniversaire Le 40e anniversaire de la révolution culturelle passé sous silence en Chine La presse chinoise a occulté, mardi, le 40e anniversaire du lancement de la révolution culturelle, qui plongea la Chine dans dix années de chaos et demeure encore largement taboue dans le pays, toujours dirigé par le Parti communiste. Ni la presse écrite, ni la presse audiovisuelle n'ont fait état de la directive du 16 mai 1966 dans laquelle Mao, le Grand Timonier, appelait à une véritable chasse aux sorcières contre les "éléments noirs" de la société, qui fera des millions de victimes. Mardi, l'expression "révolution culturelle" était inaccessible sur Internet en Chine, bloquée par la censure. La semaine dernière, un porte-parole du gouvernement chinois avait indiqué que le verdict sur cette période "avait déjà été prononcé". PRUDENCE Au cours des semaines passées, les médias chinois, essentiellement des magazines, ont évoqué prudemment le sujet, en insistant sur l'envoi des jeunes à la campagne, mais en gommant les pages les plus tragiques d'une terreur organisée par un parti encore au pouvoir quarante ans après. La révolution culturelle dura dix ans. Après la mort de Mao, en septembre 1976, son successeur Hua Guofeng ordonne en octobre l'arrestation de la "bande des quatre" (dont Jiang Qing, la femme de Mao) tenue pour responsables principaux de la décennie erratique. L'image de Mao, elle, restera sauve. En 1981, un an après le procès de la "bande des quatre", le Parti communiste chinois reconnaît que Mao a fait "des erreurs", mais il lui conserve sa stature de "grand leader", d'où les tabous qui entourent encore l'événement. Pour l'intellectuel libéral et vétéran du parti He Jiadong, le régime actuel, sous lequel le peuple chinois ne jouit ni de la démocratie ni de la liberté politique, n'est que la continuation du système autocratique de Mao. Il est donc impossible pour les dirigeants actuels, dont beaucoup ont fait leurs classes politiques dans les années 60-70, de s'apesantir sur la révolution culturelle sans risquer de perdre un peu plus de légitimité. "Critiquer la révolution culturelle revient à critiquer Mao, et l'essentiel est de préserver l'unité nationale et du parti", dit He Jiadong, qui, après avoir été sévèrement battu par des gardes rouges, a perdu un œil.