Attaque Le 22 août 1975, en Corse, pour la première fois depuis 150 ans, on tire sur les forces de l'ordre. Des militants de l'ARC (Action de la Renaissance de la Corse), un groupuscule dirigé par le médecin Edmond Simeoni, avaient occupé la veille une cave viticole de la plaine d'Aléria, qui appartenait à un réfugié pied-noir d'Algérie. Ils exigeaient que soient mieux pris en considération les intérêts des Corses et mis fin à une certaine «colonisation» de l'île. Depuis le retour des pieds-noirs d'Algérie, treize ans plus tôt, le gouvernement français avait facilité en effet l'installation de plusieurs d'entre eux, anciens exploitants agricoles de la plaine de la Mitidja, dans les friches de la plaine d'Aléria. Le matin du 22 août, trois escadrons de gendarmerie venus du continent, au total un millier d'hommes, prennent position autour de la cave. Une réaction de fermeté qui surprend par sa démesure, de la part du gouvernement de Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing étant président de la République. Face aux forces de l'ordre, les militants sont au nombre d'une douzaine, armés de fusils de chasse. Ils refusent de se rendre et l'assaut est donné à 16 heures. Plusieurs assiégés sont blessés. Deux gendarmes sont tués. Quelques jours plus tard, une manifestation à Bastia fait à nouveau un mort dans les forces de l'ordre. C'est le début d'une longue période de troubles dont l'île de Beauté peine à sortir. Edmond Simeoni est condamné à 5 ans de prison dont deux avec sursis. Un ou deux départements ? En 1972, le département de la Corse a été détaché de la Provence-Côte-d'Azur. Il est devenu une collectivité régionale à part entière. Le 1er janvier 1976, l'île a été divisée en deux départements : la Haute-Corse (chef-lieu : Bastia) et la Corse du Sud (chef-lieu : Ajaccio). Elle est revenue à la situation de 1793 à 1811, lorsqu'elle était divisée entre les départements du Golo et du Liamone, voire à l'époque génoise avec l'En-Deçà-des-Monts et l'Au-Delà-des-Monts. Pour le gouvernement de Jacques Chirac qui l'avait mise en œuvre, cette réforme devait améliorer l'administration de l'île et favoriser les relations de proximité entre les citoyens et les pouvoirs publics. Par la consultation populaire du dimanche 6 juillet 2003, les Corses ont affirmé leur attachement à la réforme de 1976 et aux départements issus de la Révolution. Plus profondément, ils ont confirmé leur rejet des revendications «indépendantistes» et celles-ci ne devraient pas survivre à l'arrestation et à la condamnation des assassins du préfet Érignac. Ces revendications ont perdu beaucoup de pertinence dans une île à la population clairsemée et déclinante, en majorité composée de retraités et de fonctionnaires, où la majorité des naissances sont le fait de ménages originaires du continent ou d'Afrique du nord.