Annonce L'avocate toulousaine France Moulin maintenue en détentionDeux juges d'instruction du tribunal d'Orléans ont refusé, vendredi 6 mai, la remise en liberté de Me France Moulin, avocate toulousaine écrouée depuis le 19 avril pour "révélation d'informations issues d'un dossier d'instruction", a-t-on appris de source judiciaire. Ils ont repoussé la demande de remise en liberté sous contrôle judiciaire présentée par le parquet lundi. Le juge des libertés sera saisi à son tour et devra statuer d'ici à mercredi prochain. Dans leur ordonnance, les deux juges d'instruction Nathalie Dutartre et Patrick Gachon ont estimé que le maintien en détention de Me Moulin était nécessaire à la poursuite de l'information.Ils n'ont pas suivi l'avis du procureur, Isabelle Toulemonde, qui avait demandé mardi un placement sous "contrôle judiciaire strict", mesure comprenant "l'interdiction de communiquer avec les personnes impliquées dans l'affaire et l'assignation à résidence". "Ce contrôle judiciaire permettrait que l'enquête continue pour la manifestation de la vérité. Un contrôle judiciaire strict peut permettre que les investigations soient faites dans de bonnes conditions", avait-t-elle estimé.Me France Moulin, 43 ans, assurait la défense d'un numismate toulousain, Georges Danicourt, arrêté en juin 2004 dans le cadre d'une instruction menée par deux juges d'Orléans concernant une affaire de blanchiment supposé d'argent de la drogue. Elle est soupçonnée d'avoir prévenu de sa prochaine interpellation un ami de Georges Danicourt, qui pourrait avoir dissimulé une partie du produit du blanchiment. Sa mise en examen a été prononcée sur le fondement de l'article 434-7-2 du code pénal, une disposition très controversée de la loi Perben 2 du 9 mars 2004.Plusieurs organisations et syndicats d'avocats ont exprimé par diverses actions depuis deux semaines leur soutien à Me Moulin et demandé la modification, voire l'abrogation, de l'article contesté, estimant qu'il portait atteinte aux droits de la défense. Le ministère de la justice a annoncé lundi la mise en place prochaine d'un groupe de travail avec des avocats sur les garanties des droits de la défense dans les affaires pénales.Les avocats se sont montrés "satisfaits" de l'annonce de la constitution "rapide" de ce groupe de travail qui portera, selon eux, à la fois sur le nouvel article du code pénal à l'origine de l'incarcération de leur consœur, les règles de perquisition dans les cabinets d'avocats et les écoutes téléphoniques des conversations entre un avocat et son client.
