Mort de L'avocat François Sarda

Mort L'avocat François Sarda, mort mardi 21 juin, à l'âge de 75 ans, a accroché son nom à bon nombre des célèbres tumultes de la vie politique et judiciaire des trente dernières années. Né en 1929 à Perpignan, il "monte" faire son droit à Paris et s'engage au sein de la Fédération des étudiants catholiques, dont il devient le président. Sorti premier de sa conférence de stage, juste devant Me Georges Kiejman, François Sarda commence sa carrière d'avocat au début des années 1950, aux côtés du bâtonnier René-William Thorp et de Me Georges Izard, ce qui lui vaut de participer à l'affaire des "fuites" en 1956 contre Tixier-Vignancourt, et à la défense de François Mitterrand dans l'affaire de l'Observatoire. Fidèle partisan de Mendès France, il rallie ensuite le général de Gaulle, au sein de la mouvance dite du "gaullisme de gauche", qui soutient à la fois les institutions naissantes de la Ve République et surtout la politique d'autodétermination dans les anciennes colonies françaises. Cette adhésion le conduit à envisager un temps une carrière politique, en se présentant sans succès aux élections législatives de 1962, dans la circonscription de son village, Campône, dont il sera ensuite élu maire sans discontinuer de 1965 à 1983. Sa constante volonté d'engagement dans les combats de son époque prend d'autres voies. En 1968, il assure la défense du syndicat étudiant UNEF et de Daniel Cohn-Bendit. Il est au même moment et restera de nombreuses années l'avocat du Monde. Il soutient le droit à l'avortement mais s'oppose à son confrère Robert Badinter sur l'abolition de la peine de mort. Marqué par sa culture catholique, il se passionne très tôt pour les problèmes d'éthique et de responsabilité, auxquels il consacre, en 1972, un livre remarqué, Le droit de vivre et le droit de mourir. On le trouve plus tard dans de nombreux dossiers politico-judiciaires : en 1989 aux côtés du juge antiterroriste Gilles Boulouque, qui poursuit en diffamation Le Monde et Libération dans l'affaire Wahid Gordji. La même année, il assiste la veuve de Georges Besse, devant la cour d'assises spéciale qui condamnera Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan, Joëlle Aubron et Georges Cipriani à la réclusion criminelle à perpétuité. En 1995, il assure la défense de l'ancien ministre de l'intérieur Charles Pasqua contre le Syndicat de la magistrature dans une affaire de diffamation sur les conditions de la mort d'Eric Schmitt, alias "Human Bomb", dans une école de Neuilly. La voix rocailleuse de François Sarda avait résonné une dernière fois, en 1998, en faveur de l'institutrice impliquée dans le drame du Drac, au cours duquel plusieurs écoliers périrent. Il avait consacré ses dernières années à l'écriture d'un recueil de souvenirs, Le Fléau de la balance, sur sa longue carrière d'avocat.