Annonce Laurent Fabius se pose en candidat "clairement de gauche" Laurent Fabius a décidé d'occuper le terrain. Invité du journal de 20 heures sur TF1 mardi 22 août, il a annoncé qu'il présenterait "sept engagements concrets" mercredi, qu'il détaille dans un entretien à L'Express à paraître jeudi. Interrogé par le présentateur Harry Roselmack, le candidat à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2007 a déploré le "décallage entre les préoccupations des Français - le chômage, la rentrée, les expulsions - et l'attitude de certains responsables du parti". Il se veut "prudent" sur les sondages. "Ce qui m'intéresse, c'est les questions de fonds", a-t-il indiqué. Et d'annoncer qu'il présenterait demain (mercredi) "sept propositions concrètes". L'ancien premier ministre a souhaité des débats "maîtrisés", sur différents thèmes, entre les candidats à l'investiture socialiste. Compte-t-il se démarquer, alors que le parti a d'ores et déjà fixé son projet ? "Il faut faire très attention à l'unité. Certains veulent prendre leurs distances vis-à-vis de ce programme, ou l'affadir, alors que je veux l'enrichir", a-t-il indiqué. RÉFÉRENDUM EN SEPTEMBRE Déplorant '"un problème de pouvoir d'achat massif en France", il a promis que s'il est "investi et élu, la première décision du gouvernement sera d'augmenter le smic de 100 euros". Le salaire minimum passerait ainsi à 1 354 euros brut, quand le projet du PS prévoit de le porter à au moins 1 500 euros avant 2013. L'ancien ministre de l'économie propose, pour les petites entreprises, "une compensation par baisse des charges sociales et salariales", et "à l'autre bout de l'échiquier des revenus (...), que l'on supprime les modalités extravagantes des stock-options sauf pour les nouvelles sociétés". Soit "un resserrement des inégalités". M. Fabius souhaite par ailleurs que si le maire ne se soumet pas à l'obligation de 20 % de logements sociaux dans sa commune, "L'Etat en prendra la responsabilité". Selon lui, "on ne gagnera que rassemblés sur une ligne clairement de gauche". Se rangera-t-il derrière Ségolène Royal si elle obtient l'investiture en octobre ? Lui préfère évoquer un éventuel ralliement de celle-ci à sa candidature. Dans son entretien à L'Express, M. Fabius prévoit aussi de "supprimer un certain nombre de cadeaux fiscaux injustes", "compte tenu du très mauvais état de nos finances publiques". Après le conseil européen de juin 2007, il réservera son "premier voyage hors de l'Europe à l'Afrique, afin de bien marquer la priorité à la solidarité internationale", avant un référendum en septembre "pour établir la République parlementaire et vivifier notre démocratie". ACCENT SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET L'EUROPE Le candidat se dit dans un "état d'esprit offensif et serein". Et promet, s'il est investi "d'associer très étroitement (ses) compétiteurs socialistes" à sa campagne, et de les intégrer dans son gouvernement "resserré, paritaire", qui comprendra"un numéro deux, ministre d'Etat ou vice-premier ministre chargé du développement durable et des affaires européennes". "La gauche peut gagner si elle est elle-même, si elle admet ses insuffisances passées et si elle mène campagne sur ses projets centraux, l'économie, le social, l'éducation, l'environnement. Qu'elle se déporte pour lancer des oeillades, qu'elle privilégie la logique médiatique à une démarche politique, et gare à l'échec", avertit-il, dans une allusion à Ségolène Royal. Interrogé sur la "mise en scène des couples politiques", Laurent Fabius se fait tranchant, au terme d'un été où les deux favoris des sondages, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, sont apparus dans la presse people. "L'authentique bonheur d'une vie partagée n'a pas besoin d'être exhibé matin et soir", estime-t-il. Et d'ajouter : "Je préfère dire : 'voici mon projet' plutôt que 'mon projet, c'est Voici'".