Annonce L'Atomium de Bruxelles fait peau neuveIl était, en principe, voué à la disparition après l'Exposition universelle de 1958, qui témoigna d'une foi inébranlable dans le progrès, la démocratie et la paix. Quarante-huit ans plus tard, l'Atomium, 2 400 tonnes, 102 mètres de haut, trône toujours sur le plateau du Heysel, à Bruxelles. Et, pour une fois, l'infinie complexité de la Belgique n'a pas contrecarré un projet ambitieux : l'incroyable construction de l'ingénieur André Waterkeyn - mort en octobre 2005 - a été rénovée en un délai record de vingt-deux mois. Le public devrait redécouvrir l'Atomium à partir du 18 février.L'édifice, qui représente une molécule de fer agrandie 165 milliards de fois, a aujourd'hui la fière allure d'un miraculé. Le revêtement en aluminium de ses neuf sphères rouillées, usées et salies par le temps et la fiente des pigeons, a été recouvert de panneaux en acier inoxydable qui reproduisent, au détail près, l'aspect originel du bâtiment.Le designer allemand Ingo Maurer a mis au point un éclairage intérieur et extérieur qui augmente la perception de l'étrangeté et de la force de la construction. L'aménagement des neuf sphères de 240 m² a été revu de fond en comble par des architectes belges, décidés à ne laisser transparaître des origines que l'impression d'audace, la force de la matière brute et de la technique, perçue en 1958 comme un moyen de promouvoir le bien-être de l'humanité.Le projet de rénovation aura coûté 27,5 millions d'euros, ce qui n'est pas mince dans un royaume où villes, régions et Etat doivent négocier laborieusement dès l'instant où la dépense est destinée à un bâtiment réputé "fédéral". Entreprises et parrains semblent toutefois s'être bousculés pour associer leur nom à la réalisation, comme s'il s'agissait, pour eux, de réaffirmer leur foi dans un pays qui doute de sa cohésion et de son avenir.André Waterkeyn, paraphrasant la devise nationale - "L'union fait la force" - définissait son Atomium comme "le symbole de la force par l'union". Pour beaucoup, cependant, l'Exposition de 1958 fut, malgré son succès de foule - 42 millions de visiteurs - le chant du cygne d'une nation vouée à l'éclatement.Ce n'est pas un hasard, dès lors, si les personnalités politiques - francophones - présentes, mardi 14 février, à l'inauguration de ce symbole d'une fragile unité ont insisté sur l'importance de l'événement. Selon la vice-première ministre Laurette Onkelinx (PS), l'Atomium incarne "une Belgique qui peut être merveilleuse" et "porte un nouvel habit, comme l'Etat porte le nouvel habit du fédéralisme".
