Annonce L'astéroïde Toutatis frôle la Terre ce mercredi Quatre fois la distance Terre-Lune le séparera de nos têtes. Pas de panique donc, comme l'explique à tf1.fr Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur.   Trois astéroïdes sur la trajectoire de la Terre (13/04/2004) l'astéroïde 4179 Toutatis passera à 1.549.719 km de la Terre. "Ce sera le plus gros objet céleste depuis le début de ce siècle à passer aussi près de notre planète", a indiqué lundi Steven Ostro, un expert du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Explications de Patrick Michel, chercheur au CNRS et astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur. tf1.fr : Avec un tel nom, faut-il craindre que l'astéroïde Toutatis s'écrase sur nos têtes ? Patrick Michel : Pas du tout. Toutatis passera à quatre fois la distance entre la Terre et la Lune. C'est tout de même la première fois qu'il passe aussi près de notre planète depuis 1353, d'après nos estimations. tf1.fr : Qui l'a baptisé de ce nom gaulois ? P. M. : L'astronome français Christian Pollas, de l'Observatoire de la Côte d'Azur, qui l'a découvert en janvier 1989. Il l'a appelé ainsi en hommage à Astérix et Obélix mais aussi par ce qu'à l'époque de sa découverte, il n'y avait pas encore de méthodes pour prédire s'il allait s'écraser sur Terre ou non. Nous avions donc tous peur que le ciel s'écrase sur nos têtes ! tf1.fr : A quoi ressemble Toutatis ? P. M. : Lors de son passage, en 1989, l'astéroïde a pu être observé au radar. C'est un objet non sphérique, en forme de cacahuète, de 4 à 5 km de diamètre en moyenne. On soupçonne qu'il est formé de deux roches accolées. Il a pour particularité de ne pas tourner sur lui-même de manière uniforme. On pense qu'il a dû entrer en collision avec l'un de ses "confrères". tf1.fr : D'où vient-il ? P. M. : Il vient de la ceinture d'astéroïdes, qui se situe entre Mars et Jupiter, à proximité d'une zone très instable. L'accumulation de perturbations dans cette zone modifie sa trajectoire et le rapproche du Soleil. Comme 60% des géocroiseurs (objets célestes qui croisent la trajectoire de la Terre, NDLR), il entrera en collision avec le Soleil dans quelques millions d'années. tf1.fr : Donc pas de risque que sa trajectoire le rapproche encore de la Terre ? P. M. : A l'heure actuelle, il n'est pas possible de calculer la trajectoire d'un géocroiseur au-delà de 50 à 100 ans. Mais, toujours d'après nos estimations, Toutatis, qui fait un tour autour du Soleil tous les quatre ans, ne se rapprochera pas davantage de notre planète avant 2562. tf1.fr : Quelles observations vont-elles être menées à l'occasion du passage de Toutatis ? P. M. : Grâce à des observations radars, nous allons tenter d'obtenir des informations sur ses propriétés physiques. C'est capital pour établir une stratégie de défense contre un éventuel astéroïde qui se dirigerait sur la Terre. Je fais d'ailleurs partie d'un comité de six experts européens qui a été chargé par l'Agence spatiale européenne en janvier dernier d'étudier un tel risque (1). Nous avons émis pour recommandation, en juillet, d'envoyer deux satellites à la rencontre d'un géocroiseur : l'un pour provoquer un impact, l'autre pour mesurer la déviation obtenue. Si cela est possible ! Or, la déviation due à l'impact dépend de la structure interne de l'objet céleste. tf1.fr : Et aujourd'hui, si un astéroïde fonçant sur la Terre était découvert ? P. M. : Ce ne serait même pas la peine de l'annoncer car nous serions incapables de faire quoi que ce soit pour éviter la collision.