Annonce L'astéroïde Itokawa échappe encore à la sonde nippone Hayabusa La poussière d'astéroïde glisse entre les doigts des Japonais. Leur sonde Hayabusa n'est pas parvenue, samedi 19 novembre, à arracher les échantillons de la surface de l'astre Itokawa, qu'elle devait ramener sur Terre en juillet 2007. Un ultime essai est envisagé, vendredi 25 novembre. S'il échoue, l'agence spatiale nippone, la JAXA, n'aura plus qu'à relativiser sa déception par la qualité des images enregistrées et par l'exceptionnelle complexité de la mission qu'elle avait imaginée à près de 300 millions de kilomètres de notre planète. Lancée en 2003, Hayabusa (le faucon en japonais) devait en effet cumuler les premières en testant un mode de propulsion ionique inédit sur de telles distances, pour approcher le plus petit corps céleste jamais visé par l'homme et y prélever des particules afin de les convoyer vers la Terre. Depuis deux mois, la sonde navigue "bord à bord" avec la petite Itokawa (moins de 600 m de long sur 300 de large), dont la faible masse ne crée pas une force d'attraction suffisante pour pouvoir se placer en orbite autour d'elle. Les manoeuvres de récupération des échantillons dépendaient donc d'une série de paris. Le faucon devait incurver son vol pour plonger doucement vers l'astéroïde. A 40 mètres de la surface, il devait larguer une petite sphère, cible qui guiderait de la surface les derniers mètres de la descente, gérée en toute autonomie par l'engin. En effleurant Itokawa, la sonde devait lui décocher un projectile à grande vitesse, et un cornet était alors censé aspirer les poussières soulevées par l'impact. Samedi, seules les premières étapes ont été franchies. Le marqueur de guidage semble avoir atteint la surface. La descente se passait correctement jusqu'à ce que les Japonais perdent le contact, à 17 mètres de l'astéroïde. Trois heures plus tard, les techniciens de la JAXA retrouvaient la sonde à plusieurs dizaines de kilomètres d'Itokawa. Hayabusa semble avoir abandonné son approche, pour une raison inconnue, sans tenter les manoeuvres de récupération. Il ne reste plus à ses concepteurs qu'à comprendre cet échec afin d'évaluer les chances de mener un dernier essai vendredi. "Avec un tel niveau de difficulté, c'est la réussite qui aurait été miraculeuse, commente Patrick Michel, de l'Observatoire de la Côte d'Azur, associé aux travaux de la mission. L'entreprise reposait sur des hypothèses à propos d'un corps que personne n'avait jamais vu. Si tout avait été connu à l'avance, cela n'aurait pas valu la peine de se déplacer." Déjà, il y a une semaine, la tentative d'expédier un mini-robot équipé de caméras, Minerva, sur Itokawa avait échoué. L'engin, qui devait se déplacer par petits bonds sur l'astéroïde, n'a pas été retenu par l'attraction de l'astre après avoir été largué au mauvais moment. Cette gravité infime semble pourtant suffire à maintenir la cohésion de l'astre, qui ressemble à un véritable tas de gravats. Cette hétérogénéité rend chaque image prise par la sonde passionnante. Avec un frisson en prime : comment déviera-t-on un corps aussi hétéroclite et biscornu qui, d'après les calculs de Patrick Michel, est probablement voué à s'écraser sur la Terre dans le million d'années qui vient ?