Annonce L'Assemblée nationale adopte le CPE l'issue de longs débats, les députés ont adopté, dans la nuit de mercredi 8 février à jeudi 9 février, par 51 voix (UMP) contre 23 (PS-PCR-UDF-Verts) l'amendement gouvernemental qui crée, dans le cadre du projet de loi sur l'égalité des chances, le contrat première embauche (CPE). Toute la soirée, à coups de suspensions de séance, de scrutins publics à répétition et de longs exposés, l'opposition a mis à rude épreuve les nerfs de l'UMP et du président de l'Assemblée nationale. Après des heures de discussions, furieux, Jean-Louis Debré est sorti de ses gonds jeudi peu après 1 heure. "Vous avez insulté la présidence, vous m'empêchez de conduire le débat. Je suis profondément vexé. Je terminerai" l'examen du CPE, s'est emporté M. Debré, après que Maxime Gremetz (PCF) eut clamé en séance que l'objectif de la gauche, après son sommet de l'après-midi, était d'empêcher l'achèvement, dans la nuit, de l'examen du dispositif. Seul le groupe UMP, qui dispose de la majorité absolue, a voté pour l'amendement. Les groupes PS, PCR et UDF estiment que ce nouveau contrat va "institutionnaliser la précarité des jeunes". Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, a estimé que le vote de cet amendement était "un acte législatif particulièrement grave". "C'est une loi pour faciliter le licenciement", a-t-il déclaré. "Vous voulez institutionnaliser la précarité des jeunes" a accusé pour sa part Daniel Paul (PCR). "C'est une loi de régression", a-t-il ajouté. "Le CPE est un contrat précaire, il ne règlera rien. C'est une mauvaise réponse", a déclaré quant à lui Francis Vercamer (UDF). "Les mesures proposées par le gouvernement vont toutes dans le sens de sortir les jeunes de la précarité", a affirmé Alain Joyandet (UMP). "C'est un plus pour l'avenir des jeunes." "Nous construisons un nouveau compromis social entre les réalités d'un monde économique qui a besoin de fluidité, besoin de sécurisation des parcours professionnels. Le CPE apporte sa pierre dans la bataille pour l'emploi", a déclaré Gérard Larcher, ministre délégué à l'emploi. Auparavant, l'Assemblée avait rejeté quelque 80 sous-amendements déposés sur cet amendement par l'opposition de gauche et l'UDF. MOBILISATION CONTRE LE CPE Le CPE est un contrat à durée indéterminée (CDI) destiné aux jeunes de moins de 26 ans. Il est assorti d'une période d'essai de deux ans au cours de laquelle l'employeur peut licencier sans motif avec un préavis de quinze jours. Il a été lancé par Dominique de Villepin, début janvier, dans le cadre de son plan d'urgence pour l'emploi. Plaidant la nécessité de s'attaquer sans attendre au chômage des jeunes, le premier ministre a choisi d'introduire son dispositif dans le projet de loi sur l'égalité des chances, élaboré au lendemain des violences dans les banlieues, l'automne dernier. L'examen de ce projet de loi sur l'égalité des chances se poursuivra jeudi. La conférence des présidents a ouvert mardi matin de nouvelles séances jusqu'au week-end inclus, afin que le débat puisse aller jusqu'à son terme. Seuls trois articles ont été adoptés jusqu'ici sur la trentaine que compte le texte. Il reste 378 amendements à examiner. Le Parlement suspendant ses travaux la semaine prochaine à l'occasion des vacances d'hiver, les députés se prononceront sur l'ensemble du texte le mardi 21 février, le Sénat devant l'examiner à son tour à partir du 28 février. A moins que le gouvernement ne décide, si l'opposition devait continuer sa "guérilla" parlementaire, de recourir au "49-3", une procédure qui permet d'abréger les débats et de faire adopter un texte sans vote. L'opposition a d'ores et déjà annoncé que, dans ce cas, elle répliquerait par le dépôt d'une motion de censure.