Annonce L'armée britannique ébranlée par un nouveau scandale de brimades La réputation de la "Navy" britannique a subi un coup très dur, dimanche 27 novembre, avec la diffusion d'une vidéo montrant de jeunes Royal Marines contraints de participer à un rite d'initiation particulièrement humiliant et violent. Les images, tournées en caméra cachée, sont nauséeuses. Obtenue par l'hebdomadaire News of The World et diffusée par toutes les chaînes de télévision britanniques dimanche, la vidéo montre une quarantaine de soldats du commando 42 des Royal Marines, tout nus, en train d'assister à un spectable dans la caserne des Marines de Bickleigh, près de Plymouth (sud-ouest de l'Angleterre). Devant leurs yeux, une douzaine de jeunes recrues du commando sont rassemblées, nues également. Dix des jeunes soldats sont placés en rond et les deux derniers sont au centre du cercle, en train de combattre, dans la boue, avec des protections en mousse sur les bras. Un homme revêtu d'une blouse bleue ressemblant à celle d'un chirurgien intervient alors et leur demande de combattre directement à coups de poing. Mais l'un des deux hommes semble réticent. Il est aussitôt assommé par l'homme en blouse bleue, d'un violent coup de pied en plein visage. DES ALLÉGATIONS PRISES TRÈS AU SÉRIEUX Devant la violence des images, le ministère de la défense a aussitôt ouvert une enquête. "Les Royal Marines prennent extrêmement au sérieux ces allégations et ont une politique de tolérance zéro en matière de harcèlement et de brimades", a déclaré un porte-parole du ministère. L'affaire est d'autant plus grave que la véracité de la vidéo semble établie. Selon News of the world, un hebdomadaire du groupe auquel appartient le tabloïd The Sun, des représentants du ministère de la défense ont déjà confirmé l'authenticité des images. Interrogé par l'AFP, celui-ci s'est refusé à tout commentaire. Selon la source de l'hebdomadaire, un Royal Marine qui aurait servi en Afghanistan et en Irak, ces images ont été tournées en mai, à l'issue des 32 semaines de formation des jeunes recrues. "C'est la pire des choses que j'ai vues, c'est pourquoi j'ai filmé, mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg", a affirmé le soldat, sous le couvert de l'anonymat. Selon cet homme, les jeunes soldats seraient également victimes de décharges électriques sur les parties génitales, obligés à ramper nus dans des buissons d'épines, ou contraints de participer à des combats, à coups de tête, les mains liées derrière le dos. DES PRÉCÉDENTS Cette nouvelle affaire est d'autant plus embarrassante qu'elle suit la diffusion d'une vidéo du même genre en septembre, visant cette fois une caserne de l'armée de terre, à Catterick, dans le nord de l'Angleterre. En mars, un rapport des députés britanniques avait tiré le signal d'alarme en mettant en cause la "culture de la peur et de la violence" qui régnerait au sein des forces armées britanniques et principalement de l'armée de terre. La chambre des Communes avait été saisie du sujet après un rapport de la police du Surrey (sud-est de l'Angleterre) sur les décès suspects de quatre jeunes recrues dans la caserne de Deepcut entre 1995 et 2002. Des décès qualifiés de "suicides" lors des enquêtes initiales de l'armée, même si un des soldats avait été retrouvé avec cinq balles dans le corps. Véritable catalogue de violences en tous en genres, le rapport de la police du Surrey avait recensé au total plus de 100 exactions caractérisées à Deepcut : des viols (neuf au total, dont un collectif), des actes de harcèlement sexuel, des actes racistes, des mauvais traitements. Concernant les femmes soldats, un rapport de la Royal Air Force de janvier 2005 était édifiant. Selon la RAF, près de la moitié des femmes engagées dans ses rangs avaient été victimes de harcèlement sexuel en 2004. Mais à peine la moitié d'entre elles avaient osé porter plainte.